Lettre trimestrielle d’informations nutritionnelles destinée aux professionnels du social et de santé

Lettre trimestrielle d’informations nutritionnelles destinée aux professionnels du social et de santé

Alimentation Santé et Petit Budget

98 - décembre 2023

À LA UNE

Figure : Au Japon, l’équilibre alimentaire est représenté sous forme d’une toupie.
Source : Ministry of Agriculture, Forestry and Fisheries. Promotion of Shokuiku (Food and Nutrition Education). Japan.

L’éducation alimentaire des enfants : permettre plutôt qu’interdire !

Une étude(1) portant sur plusieurs pays a comparé l’éducation à l’alimentation à l’école. Les travaux s’intéressaient principalement à quatre aspects : 

- le phénomène de « malbouffe »,
- les politiques publiques en place pour l’éducation à l’alimentation, 
- la place de l’école 
- l’efficacité globale des dispositifs. 

Dans l’ensemble des pays étudiés, ce sont les catégories socio-économiques les plus défavorisées qui sont les plus touchées par l’obésité.
Les Etats-Unis se caractérisent par une grande consommation alimentaire hors domicile et une importante consommation de produits transformés. Au Royaume-Uni, les produits à emporter sur le pouce sont beaucoup consommés. D’autres pays de l’étude sont moins touchés par le phénomène de malbouffe. L’Italie se caractérise par son régime méditerranéen. L’Espagne, pays de tradition agricole et gastronomique attaché aux repas en commun, a résisté par certains aspects, à l’instar de la France, plus longtemps que ses voisins européens au phénomène de malbouffe. 

Il ressort de l’analyse que l’efficacité des politiques publiques d’éducation à l’alimentation n’a pas encore fait ses preuves. A l’exception du Japon, il n’existe pas, dans les pays étudiés de données chiffrées. Au Japon, l’éducation alimentaire, nommée Shokuiku, est présentée sous le symbole de la toupie (voir illustration) visant à rappeler l'importance de maintenir un équilibre alimentaire optimal tandis que son mouvement dynamique de rotation fait allusion à l'importance de l'exercice.

Les stratégies font largement appel à l'action individuelle pour modifier les comportements plutôt que d’agir directement sur l’offre et sont donc moins susceptibles d'être efficaces ou équitables. Pour ces chercheurs, ceci expliquerait pourquoi, après 30 ans de propositions de politiques gouvernementales en matière d'obésité, la prévalence de l'obésité et les inégalités en matière de santé n'ont toujours pas été réduites. 

Parallèlement, au Canada, un outil de référence simple et concret EDUCAMIAM(2) met en avant les bonnes pratiques à adopter en énumérant les compétences essentielles à développer chez les enfants pour instaurer une relation positive avec les aliments. En effet, insister pour qu’un enfant termine son assiette pour avoir du dessert, obliger un autre à manger un légume qu’il n’aime pas ou interdire des aliments (bonbons, chocolat, boissons gazeuses) dans les boîtes à lunch sont des pratiques à bannir. On sait que l’approche autoritaire est contre-productive parce qu’elle crée du stress, de la culpabilité et de la confusion chez l’enfant qui finit par associer l’alimentation à une expérience négative. Si un enfant mange dans un environnement agréable, qu’il se sent bien et respecté, il associera les repas à une expérience positive. À long terme, il sera davantage porté à faire des choix sains qui le suivront à l’adolescence et à l’âge adulte.

Lire les travaux

ACTUALITÉS

Rapport sur la pauvreté en France

Le Secours Catholique-Caritas France a été confronté aux situations de pauvreté de 1 027 500 personnes (552 400 adultes et 475 100 enfants) accompagnés en 2022. Un rapport portant sur un échantillon de 49 250 ménages fait état des conditions de vie des femmes rencontrées par l’association. Il permet l’étude des situations de pauvreté des personnes avec un dossier thématique qui dresse les conditions de vie des femmes rencontrées par l’association et 16 fiches décrivant les caractéristiques sociodémographiques, les situations face à l’emploi ainsi que les ressources et conditions de vie des ménages rencontrés.

La cuisine « faite-maison » est-elle l’affaire de tous ?

Un webinaire de l’Institut for a positive food sur le thème de « Cuisiner soi-même » avec, comme invitées, Pascale Hebel (directrice associée C-Ways), Nicole Darmon (directrice de Recherche à l’INRAE) et Mariette Sicard (Head of Food Sciences Excellence Center chez Groupe Seb). L’occasion de démystifier un certain nombre d’idées reçues en la matière !

Sur la définition du fait maison, Nicole Darmon précise qu’il est dorénavant admis que « la cuisine maison aujourd’hui est essentiellement de la cuisine d’assemblage ». Pascale Hebel alerte sur cette pensée magique du fait maison : « Il s’agit avant tout d’une injonction portée par les foyers les plus favorisés, comme levier de distinction sociale. »

Quant au lien entre cuisine maison et pouvoir d’achat, cuisiner maison ne revient pas forcément moins cher. Du côté des freins au développement du fait maison se trouvent l’inflation (touchant les plus modestes), le manque de temps et le « capital culinaire », autrement-dit le savoir-faire (technique, conceptuel et perceptif). Enfin, il convient d’intégrer l’énergie, l’amortissement des nombreux appareils électroménagers dont les ménages sont de plus en plus adeptes (21% des foyers français possèdent un robot culinaire chauffant – Gifam 2022). Sans oublier de compter le coût du temps passé à cuisiner, à 75 % féminin. Il existe peut-être un seul contre-exemple : la « gamelle ou lunch box » emportée pour le déjeuner ; un choix réellement plus économique que la restauration et qui gagne du terrain dans les pratiques.

Des visuels pour vos actions

L’affichothèque rassemble les meilleures affiches réalisées par les finalistes du Prix « Jeunesse pour l’égalité ». Une collection unique qui reflète la vision des 11-25 ans sur les inégalités (dans le sport, à l’école, etc.).

Toutes les œuvres peuvent être consultées en ligne et téléchargées gratuitement. Les affiches présentées sont à la fois classées par thème (école, santé, revenus, etc.) et par catégorie de population (catégories sociales, femmes-hommes, etc.).

Quels piliers pour une alimentation durable accessible à tous-tes ?

L’alimentation durable repose sur 4 piliers : 

- la nutrition et la santé,
- l’environnement et la biodiversité,
- la dimension socioéconomique 
- la dimension socioculturelle. 

Différents travaux portant sur un accès digne et inclusif à une alimentation de qualité, mettent en avant les différentes initiatives à l’œuvre en  France :

- Le carnet(3) « Nouvelles formes d’accès à l’alimentation de qualité pour toutes et tous : quels modèles socio-économiques ? », réalisé en partenariat avec la Chaire Unesco Alimentations du monde, met en lumière la diversité d’approches socio-économiques, et propose des leviers pour aider ces initiatives à se développer dans le respect des principes qui les animent, 

- La Fabrique Prospective(4) propose « Comment renforcer l'accessibilité à une alimentation durable et de qualité pour tous dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville ? »,

-  Le dossier(5) « Alimentation, sortir des inégalités » explore différentes interrogations : Comment nos appartenances sociales impactent-elles nos assiettes ? Quelles politiques publiques mettre en place pour une alimentation saine pour tous ? La recherche est mobilisée sur ces questions, et sur des pistes de solutions afin que la transition vers des régimes sains et durables soit inclusive et solide.

Lire les études

FOCUS

Que boire et manger quand on est mal chauffé ?

La précarité énergétique va souvent de pair avec la précarité alimentaire. Quels conseils alimentaires prodiguer aux personnes contraintes de vivre dans une passoire thermique ou de se chauffer au minimum ?

1. Mangez plus en quantité, pas forcément plus gras

Pour lutter contre le froid, le corps dépense plus d’énergie pour maintenir sa température à 37°. Il est tentant de manger gras. En fait, il convient de manger suffisamment en prenant au moins 2 repas principaux et/ou en augmentant les quantités. Il est important de vérifier que les aliments « carburants » tels que les féculents (pain, pommes de terre, riz, pâtes, légumes secs) sont présents. Les matières grasses ajusteront les apports énergétiques : une petite quantité d’huile (2 cuillerées à soupe /jour), de beurre (20g) ou de crème fraîche (2 cuillerées à soupe) suffisent. Quand c’est possible, un produit laitier (fromage ajouté aux plats par exemple) et un fruit compléteront les repas. Un fruit riche en vitamine C (kiwi, agrume…) ou un verre de jus d’orange sera bienvenu. 

2. Buvez suffisamment, chaud

Les boissons chaudes - eau, thé, tisanes, chocolat chaud et même bouillons ou soupes - sont à privilégier car le corps a tendance à se déshydrater avec le froid.  Attention, les boissons très chaudes comme les boissons alcoolisées sont trompeuses : elles donnent une sensation fugace de réchauffement avant d’abaisser rapidement la température corporelle, augmentant alors la frilosité, voire engendrant un risque d’hypothermie avec l’excès d’alcool. Quant au café, pris tout au long de la journée, il peut altérer le sommeil. Vive les thermos et la variété des boissons chaudes ! Laissez le temps à vos mains de se réchauffer autour de votre tasse avant de boire.

LU POUR VOUS

Une relation causale entre l’insécurité alimentaire et l’obésité

L’insécurité alimentaire pourrait être un déclencheur de la prise de poids et de l’obésité, via des mécanismes physiologiques et comportementaux menant à la hausse des apports énergétiques et/ou la baisse des dépenses.

Les auteurs rappellent tout d’abord que l’insécurité alimentaire est un concept constitué de dimensions nutritionnelles, avec des variations périodiques dans les quantité et qualité d’aliments disponibles pour la consommation. La dimension psychologique tient également une part importante dans l’insécurité alimentaire, avec la notion d’incertitude vis-à-vis de l’accès futur à l’alimentation (cf. figure 1).

L’examen des études d’observation chez l’être humain et des expérimentations chez l’animal mène à penser qu’il y aurait une relation causale entre l’insécurité alimentaire et la hausse de l’adiposité. Trois scénarios sont proposés pour expliquer comment la situation d’insécurité alimentaire pourrait déclencher une augmentation du poids corporel et de la masse grasse. Concrètement, l’incertitude vis-à-vis des apports énergétiques futurs et la variabilité de ces apports pourraient être à l’origine :

- d’une hausse des apports énergétiques, seule ;
- d’une diminution des dépenses énergétiques, seule ;
- d’une situation mixte : hausse des apports + baisse des dépenses.

QUE FAIRE AVEC DES LENTILLES

Réalisée à l’initiative du Centre de Ressources et d’Informations Nutritionnelles et rédigée par Caroline Rio, diététicienne-nutritionniste

Cet email a été envoyé à nutrition-fr@cerin.org, cliquez ici pour vous désabonner .

Le CERIN, centre de recherche et d'information nutritionnelle, a pour mission de transmettre aux professionnels de santé et de santé publique, une information nutritionnelle complète et validée, sur le lait et les produits laitiers, mais aussi sur l'ensemble des grandes thématiques de la nutrition et de la santé, les besoins nutritionnels des groupes de population et la prévention nutritionnelle des pathologies.