Le gaspillage alimentaire, estimé à plus de 20 Kg par habitant et par an en France, a fait l’objet de l’enquête «Bien vivre en zéro déchet », menée par l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). À partir d’une sélection de douze foyers témoins ayant considérablement réduit leur consommation et leur production de déchets, une enquête ethnographique a consisté à montrer que la « sobriété » de la consommation est compatible avec le « bonheur », évalué grâce à des échelles validées. Il s’agissait de combattre des idées reçues associées à l’anti-gaspillage, souvent perçu comme trop difficile, trop militant, ou comme un retour en arrière. Les exemples de foyers étudiés montrent que la démarche « « 0 gaspillage » peut s’adapter à une diversité de situations sociales : certains sont en couple, d’autres célibataires, avec ou sans enfants, en ville ou à la campagne, en maison ou en appartement, avec des métiers et des revenus variés voire irréguliers. Tous ne sont pas riches, et tous ne sont pas des « bobos ». Ils se présentent rarement comme des militants, mais plutôt comme des « familles normales », attachant de l’importance à leurs actions quotidiennes plus qu’à des idéaux politiques.
Des démarches de simplicité volontaire dans l’alimentation au quotidien
La notion de simplicité volontaire a été initialement définie comme un mode de vie « riche » intérieurement, par rapport à la pauvreté économique. D’ailleurs certaines personnes y sont déjà sensibilisées – par une culture familiale modeste ou économe, une enfance à la campagne, ou une conscience précoce des enjeux écologiques-. Les résultats confirment que, quelle que soit la motivation - faire des économies, protéger leur santé ou l’environnement- pour changer leurs habitudes -, les foyers y trouvent de la satisfaction liée à la qualité des produits ou au fait de cuisiner soi-même ou en famille. Ces résultats invitent les acteurs publics à encourager la sobriété dans l’alimentation, comme source de bien-être à la fois nutritionnel, gustatif, et social. Des travaux sont à poursuivre pour garantir la possibilité de généraliser de telles démarches de façon équitable, sans pénaliser les couches de la société les plus précaires.
Manger sans gaspiller, du marché à l’assiette
Les foyers étudiés mettent en œuvre diverses stratégies pour manger sans gaspiller et en jetant le moins possible (d’emballages comme d’aliments), dans leur manière de faire les courses, de cuisiner, de manger, et éventuellement de composter leurs résidus alimentaires.
En ressortent deux axes de stratégies :
1. Des courses alimentaires organisées :
- Chaque semaine ou seulement au fil des besoins,
- Avec une liste précise et des menus prévus à l’avance,
- Des quantités appropriées, avec éventuellement des achats en vrac.
- Des sacs réutilisables pour faire les courses,
2. Un temps consacré à la préparation des repas :
- Des idées recettes et anti-gaspi glanées sur les réseaux sociaux,
- Un retour à la cuisine et au « fait-maison », facilité par le recours à des aliments
pratiques (pâtes à tarte, surgelés…),
- Une utilisation optimale de chaque aliment (fanes de carottes, carcasse de
poulet…).