La crise sanitaire amplifie les inégalités déjà présentes. Tandis que le Covid-19 touche majoritairement les personnes âgées, les jeunes adultes doivent affronter les suppressions d'emplois précaires entraînées par les mesures sanitaires. Dans ces conditions, manger et bien se nourrir relève du défi quotidien tant pour les étudiants, que les jeunes adulte, notamment les jeunes parents.
Avant la pandémie, le taux de pauvreté touchait déjà 24 % des jeunes de la tranche des 18-25 ans (soit 10 points de plus que la population nationale). Et selon une étude de l’INSEE, suite au confinement, 8,6 % des moins de 25 ans qui avaient un travail l'ont perdu (contre 4,1 % des 25-29 ans). Or ces jeunes sont aussi les moins protégés contre une chute de leur revenu, faute d'avoir accès au RSA, dont le gouvernement a écarté l'extension malgré les demandes des associations. Seuls ceux ayant un enfant à charge, peuvent prétendre au RSA : environ 95 000 ménages de moins de 25 ans le touchaient fin 2018, dont 60 % de parents isolés. Pour les autres, il existe une version spéciale de cette prestation, le "RSA jeune actif". Seulement, pour en bénéficier, il faut avoir travaillé pendant deux ans à temps plein au cours des trois dernières années, situation rare pour les jeunes.
Selon une enquête récente effectuée par la FAGE (Fédération des Associations Générales Étudiantes), ce sont près des trois quarts des 18-25 ans qui ont rencontré des difficultés financières au cours des derniers mois, notamment pour s'alimenter correctement. Enfin un jeune sur deux estime qu'il pourrait avoir la possibilité d'être un jour confronté à une situation de précarité élevée.
Pour les jeunes actifs et à la recherche d’un emploi, la crise économique qui sévit, avec la contraction de l’emploi, de l’intérim, des petits jobs, va accroître encore ces situations de pauvreté, en creusant inévitablement les inégalités. Ce sont des centaines de milliers de jeunes, diplômés ou pas ou peu qualifiés qui risquent de se trouver sans ressources et sans filet de sécurité.
L’alimentation, défi quotidien
Les produits de consommation (alimentation, habillement…) représentent la deuxième grosse charge budgétaire derrière le logement.
Avant les cours en distanciel, pour les étudiants boursiers, la mise en place du ticket RU (restaurant universitaire) à 1€ (au lieu de 3€30) et pour les plus démunis, des distributions de paniers alimentaires ou les épiceries sociales au sein des campus contribuaient à améliorer le quotidien. Heureusement des distributions perdurent, notamment dans les cités universitaires.
Pour mieux se rendre compte des contraintes budgétaires, le Secours Catholique propose de ramener le montant mensuel du reste à vivre à un montant journalier. Ainsi la moitié des personnes accueillies disposent ainsi de moins de 9€ par jour pour couvrir leurs dépenses d’alimentation, d’habillement, d’ameublement ou encore de loisirs. Un quart d’entre elles disposent de moins de 4€. À titre indicatif et sur la base des chèques-services qu’il distribue au titre de l’aide alimentaire, le Secours Catholique estime à environ 7€ par jour et par personne la dépense minimale d’alimentation nécessaire. Pour la moitié des ménages rencontrés, et plus particulièrement pour les familles avec enfants, le reste pour vivre permet donc à peine de couvrir cette dépense minimale et pour autant vitale.
Plus les budgets sont serrés, plus les choix sont contraints et pèsent sur la qualité nutritionnelle de l’alimentation. Le retentissement à plus ou moins long terme d’une alimentation inadaptée (insuffisante ou trop calorique, plus ou moins déséquilibrée) sur l’état de santé se conjugue à un renoncement aux soins qui est croissant. Les femmes et les jeunes sont les deux groupes qui se restreignent le plus, tant sur la qualité que sur la quantité des aliments consommés. En définitive, toutes les initiatives pour permettre aux jeunes de trouver les moyens de bien se nourrir sont donc à développer et mutualiser. A ce titre, Santé Publique France a lancé une campagne d’information digitale à destination des 18-25 ans, en vue de leur donner quelques clés pour améliorer leur alimentation.
LIEN vers la Campagne 2.0
1. La vie étudiante au temps de la pandémie de coviD-19 : incertitudes, transformations et fragilités
2. Les jeunes face à la crise, l’urgence d’agir
3. Rapport statistique annuel État de la pauvreté en France 2020
4. Rapport sur la pauvreté en France 2020-2021