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BFDG 2021 : limiter les effets négatifs des confinements

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Publié le 03/05/2021
Modifié le 27/04/2022
Modifié le 27/04/2022
Temps de lecture : 7 minutes
BFDG 2021 : limiter les effets négatifs des confinements
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La pandémie de COVID-19 a bien entendu tenu une place importante aux 45es rencontres internationales du BFDG. Voici une sélection de deux conférences examinant les impacts des confinements de 2020.

Optimisme et confinement

Plusieurs études ont déjà examiné les conséquences sur les comportements alimentaires des confinements liés à la pandémie de COVID-19. Elles ont mis en évidence des effets favorables du confinement chez certaines personnes (augmentation de la consommation de fruits, légumes, etc.) et des effets défavorables chez d’autres (hausse de la consommation de produits sucrés, de charcuterie, etc.). Margaux Robert (Université Sorbonne Paris Nord) évalue les liens potentiels entre six traits de personnalités à connotation positive et les modifications du comportement alimentaire pendant le premier confinement de 2020.

Les données de 25 000 adultes issus de la cohorte Nutrinet-Santé ont permis de montrer que les personnes présentant des scores plus élevés d’optimisme, de satisfaction dans la vie, d’estime de soi, de résilience, de pleine conscience et de maîtrise de soi sont moins susceptibles, pendant le confinement :

  • d’augmenter ou de diminuer leur fréquence quotidienne de grignotage ;
  • de modifier à la baisse ou à la hausse leur consommation des différents groupes d’aliments.

Trois typologies de participants (clusters) ont été mises en évidence :

  1. ceux ne répondant pas au confinement par des modifications du comportement alimentaire. Ils présentent des scores plus élevés pour les six traits de caractère étudiés. L’hypothèse de la chercheuse est que ces personnes auraient de meilleures stratégies pour faire face à la situation et un meilleur contrôle de soi.
  2. ceux adoptant des comportements alimentaires défavorables à la santé pendant le confinement. Ils présentent des scores bas pour les six traits de caractère et Margaux Robert fait l’hypothèse qu’ils sont plus soumis à l’anxiété, la dépression, l’ennui et la solitude.
  3. ceux adoptant des comportements alimentaires plus favorables à la santé pendant le confinement. Ils présentent également des scores bas pour les six traits de caractère positifs. Leurs modifications comportementales pourraient s’expliquer par la peur de contracter des maladies, en particulier la COVID-19.

Cette étude montre que les personnes présentant des niveaux élevés d’optimisme, de satisfaction dans la vie, d’estime de soi, de résilience, de pleine conscience et de maîtrise de soi sont moins affectées par le confinement vis-à-vis de leurs comportements alimentaires.

Confinement : les bienfaits des jardins potagers

Les confinements ont également des conséquences négatives sur la santé mentale des individus, sur le sentiment de bien-être, ainsi que sur la sécurité alimentaire, du fait de l’accès perturbé à l’alimentation. Bethan Mead (Université de Liverpool) examine les effets de cultiver des légumes ou des fruits, sur ce sentiment de bien-être et sur le fait de se sentir en insécurité alimentaire, pendant le premier confinement de 2020 au Royaume-Uni. Au total, 477 adultes ont participé à cette étude transversale réalisée en ligne, parmi lesquels 152 (31,9 %) étaient engagés dans une pratique potagère (jardin à la maison, jardin partagé, etc.).

Les résultats montrent que les participants engagés dans la culture de légumes ou de fruits présentent, comparativement à ceux n’ayant pas de potager :

  • un score de bien-être significativement supérieur (P < 0,001), selon l’indice de bien-être de l’OMS en 5 items WHO-5 ;
  • un sentiment d’insécurité alimentaire significativement diminué (P < 0,001) selon l’échelle de mesure de l’insécurité alimentaire vécue (FIES) modifiée.

Une analyse causale de médiation met en évidence que le lien entre le fait de cultiver ses propres légumes ou fruits et un bien-être augmenté s’explique partiellement par le sentiment diminué d’insécurité alimentaire.

La chercheuse et son équipe ont également interrogé les participants sur leur opinion au sujet de l’agriculture urbaine. Il apparaît que cette opinion est très majoritairement positive, mais qu’elle n’a pas évolué comparativement à une enquête réalisée avant l’épidémie de COVID-19.

En conclusion, cette étude montre que le fait d’être engagé dans une pratique potagère permet de diminuer les effets négatifs du confinement sur le bien-être, en particulier par le biais d’un moindre sentiment d’insécurité alimentaire.