AccueilArticlesPopulationsDe 0 à 3 ansJFN 2019 : de la petite enfance au grand âge

JFN 2019 : de la petite enfance au grand âge

Article
Publié le 20/01/2020
Publié le 20/01/2020
Temps de lecture : 7 minutes
cERIN

Depuis la petite enfance jusqu’au grand âge, notre alimentation a des répercussions sur notre état de santé. Retour sur deux conférences de l’édition 2019 des Journées Francophones de Nutrition (JFN) mettant en évidence ces effets.

Pratiques alimentaires avant 1 an et prise de poids précoce

A partir des données de l’étude de cohorte ELFE regroupant plus de 18 000 enfants nés en 2011 au sein de plus de 300 maternités en France, la chercheuse Aurore Camier (Centre de Recherche en Epidémiologie et Statistiques, Paris) a identifié des profils de pratiques alimentaires au cours de la première année de vie et a étudié leurs associations avec le poids jusqu’à l’âge de 18 mois.

 

Six profils de pratiques alimentaires ont été identifiés :

  1. Diversification dite « intermédiaire », avec une durée moyenne d’allaitement de 2,7 mois et un âge d’introduction des fruits et des légumes de 6 mois.
  2. Diversification tardive et allaitement très long. Dans ce groupe, les fruits et les légumes sont introduits à 6,3 mois et la durée moyenne de l’allaitement est de 16,2 mois.
  3. Diversification tardive et allaitement intermédiaire (durée moyenne de l’allaitement : 4,2 mois).
  4. Diversification précoce, sauf pour le lait de vache et les boissons sucrés introduits tardivement.
  5. Diversification intermédiaire avec introduction précoce des boissons sucrées. Dans ce groupe, les boissons sucrées sont introduites chez 100 % des enfants à 10 mois.
  6. Diversification précoce pour tous les groupes d’aliments, y compris les boissons sucrées.

Pour l’analyse des associations avec le poids corporel jusqu’à 18 mois, c’est le groupe 1 présentant une diversification intermédiaire qui a été pris comme référence. Les résultats montrent que :

  • pour les deux groupes avec diversification tardive (2 et 3), les poids corporels sont diminués par rapport au groupe référence, et ce particulièrement lorsque l’allaitement maternel est plus long.
  • pour les deux groupes ayant introduit précocement les boissons sucrées (5 et 6), les poids corporels sont significativement augmentés par rapport au groupe de référence.
  • le groupe 4, avec une diversification précoce sauf pour les boissons sucrées et le lait de vache, ne présente pas des poids différents comparativement au groupe de référence.

En conclusion, cette étude montre que chez les enfants ayant un allaitement court, la diversification précoce est associée à une prise de poids plus rapide, notamment lorsque les boissons sucrées sont introduites précocement. Par ailleurs, en cas de diversification tardive, le fait d’être allaité plus longtemps est associé à une prise de poids plus lente.

 

Oméga 3 et vieillissement cognitif

Aline Thomas (Université de Bordeaux) a utilisé des données issues de la cohorte des 3 cités pour étudier les liens existant entre le statut biologique en acides gras polyinsaturés à longues chaines oméga-3 et le vieillissement cognitif. Les 1279 sujets inclus étaient âgés de plus de 65 ans à la date d’initiation de la cohorte, en 1999. Les dosages plasmatiques en acide docosahexaénoïque (DHA) et en acide eicosapentaénoique (EPA) ont été réalisés à l’inclusion ; le risque de démence, le déclin cognitif et l’atrophie cérébrale ont été suivis pendant respectivement 14, 17 et 10 ans.

Les résultats mettent en évidence un risque de démence diminué chez les personnes présentant les concentrations plasmatiques en EPA + DHA les plus élevées, comparativement à celles avec les concentrations les plus basses : pour chaque augmentation de la concentration en EPA + DHA de 1 écart-type, le risque de démence est abaissé de 13 %.

De la même façon, une augmentation des taux plasmatiques en EPA + DHA est associée à une diminution du déclin cognitif sur 17 ans, aussi bien pour les scores de cognition globale (fluence verbale + mémoires de travail et d’attention + fonctions exécutives) que pour les scores de mémoire considérés seuls.

Enfin, des bénéfices d’une augmentation des taux plasmatiques en EPA + DHA sont également observés sur l’atrophie du lobe temporal médian : cette atrophie est en effet significativement diminuée au cours du suivi de 10 ans chez les sujets présentant les concentrations en EPA + DHA les plus élevées.

Pour conclure, cette étude met en évidence des arguments supplémentaires en faveur des oméga-3 pour la prévention de la démence et du déclin cognitif.