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L’activité physique adaptée : définition et intérêts

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Publié le 27/01/2020
Publié le 27/01/2020
Temps de lecture : 8 minutes
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La pratique d’une activité physique adaptée (APA) par les personnes souffrant de cancer, d’obésité ou encore de troubles respiratoires ou cardiaques présente de nombreux bénéfices, allant de l’amélioration de la qualité de vie à la réduction des effets délétères des traitements. Retour sur deux conférences des Journées Francophones de Nutrition 2019 mettant en évidence les intérêts de l’APA.

 

L’activité physique adaptée vue du coach

L’Activité Physique Adaptée (APA) est un moyen qui permet la mise en mouvement des personnes qui, en raison de leur état physique, mental ou social, ne peuvent pratiquer une activité physique dans des conditions habituelles. Céline Brin, enseignante en APA à l’Institut de Cancérologie de l’Ouest (Nantes) présente les intérêts de l’APA et ses implications dans la pratique.

Céline Brin précise tout d’abord qu’un enseignant en APA doit être titulaire d’une licence ou d’un Master STAPS APA. Son rôle est d’optimiser les capacités des personnes à besoins spécifiques par les APA. Il conçoit des programmes spécialisés en fonction des attentes, besoins et capacités du patient, dans l’objectif d’améliorer son état de santé, sa qualité de vie et son autonomie.

Quelle que soit la pathologie de la personne, la pratique d’une APA peut avoir de nombreux effets bénéfiques :

  • Amélioration de la condition physique, capacité aérobie, masse musculaire et souplesse ;
  • Amélioration de l’image corporelle;
  • Amélioration des fonctions cardiorespiratoire, endocrinienne, neurologique, musculaire et cognitive ;
  • Potentialisation de l’état métabolique;
  • Réduction des effets à long terme des traitements.

 

Plus spécifiquement, en cas d’obésité ou de diabète, la recommandation est de mettre en place une APA de 2h30 minimum par semaine, d’intensité modérée et basée plutôt sur l’endurance. Les bénéfices observés sont par exemple la diminution du tissu adipeux, la diminution du taux d’hémoglobine glyquée, l’augmentation de la captation de l’insuline ou encore la réduction des douleurs musculaires.

Parmi les différents types d’APA proposés, Céline Brin cite des activités cardiorespiratoires comme la marche nordique, des activités musculaires comme le Pilates, ou encore des activités d’assouplissement ou d’équilibre comme le yoga ou la gymnastique posturale.

Dans tous les cas, Céline Brin insiste sur le fait que l’APA est dispensée contre un certificat médical et que pour être la plus efficace, elle doit faire partie du parcours de soins du patient dès le début de la prise en charge. Par ailleurs, l’APA doit aussi être régulière, encadrée par un professionnel du sport et de la santé et enfin faire partie d’une prise en charge pluridisciplinaire.

 

Activité Physique Adaptée et cancer

Cindy Neuzillet, gastroentérologue oncologue à l’Institut Curie (Saint Cloud), présente les intérêts de l’APA dans le contexte spécifique des patients atteints de cancer.

Elle explique tout d’abord qu’une personne qui est atteinte d’un cancer et qui suit des traitements peut facilement rentrer dans un cercle vicieux l’amenant à réduire son activité physique de par l’augmentation de la fatigue liée à sa pathologie (cf. figure ci-dessous). Les méta-analyses les plus récentes indiquent que la seule manière de sortir de ce cercle vicieux est la pratique d’une APA. Cindy Neuzillet précise que l’explication de ce processus aux patients peut être un argument de poids pour les engager dans la pratique d’une APA. Par la diminution de la fatigue, la qualité de vie des patients est, elle aussi, systématiquement améliorée.

L’activité physique adaptée : définition et intérêts

En oncologie, les tumeurs, les traitements, ainsi que les infections contribuent fréquemment à l’apparition d’une dénutrition, d’une cachexie et d’une sarcopénie. Cindy Neuzillet insiste sur le fait que l’APA n’est pas du tout contre-indiquée en cas de dénutrition ; au contraire, elle constitue un pilier de la prise en charge de ces trois états. Cet élément est un argument fort pour la pratique d’une APA car la dénutrition est considérée, avec la masse tumorale, comme faisant partie des deux menaces vitales chez les patients atteints de cancer.

 

Cindy Neuzillet rappelle qu’il est recommandé de prendre en charge les patients par l’activité physique le plus précocement possible et que l’APA doit être obligatoirement associée à une prise en charge nutritionnelle. Elle ajoute que la pratique d’une activité physique a pour effet de détourner le sucre vers le muscle et que, dans cet objectif, elle sera toujours plus efficace que le suivi de régimes restrictifs.

 

Pour conclure, Cindy Neuzillet met en avant l’efficacité de la pratique d’une APA pour améliorer la tolérance aux traitements contre le cancer. Les données épidémiologiques mettent enfin en évidence un effet protecteur de la pratique d’une activité physique sur la mortalité.