Selon une méta-analyse, les niveaux de preuve concernant les liens entre l’alimentation et la dépression sont très bas. Dans le cas particulier des dépressions post-partum, la consommation de poisson ou d’acides gras oméga-3 alimentaires pourrait jouer un rôle bénéfique.
Existe-il un lien entre l’alimentation et le développement ou le traitement de la dépression ? Une revue systématique de littérature et méta-analyse examine cette question en se basant sur les données de 92 études de cohorte prospectives et 21 essais contrôlés randomisés, représentant au total plus de 700 000 participants.
Les résultats provenant des études de cohorte prospectives révèlent quelques associations significatives entre la qualité du régime alimentaire et la dépression : par exemple, une forte adhésion à une alimentation méditerranéenne est associée à un nombre moins élevé de symptômes dépressifs. Néanmoins, pour la plupart des modèles ou des groupes alimentaires testés, aucune association avec la dépression n’a été mise en évidence, même pour des régimes alimentaires qui étaient suspectés avoir des effets bénéfiques, tels que les régimes riches en poisson ou encore le régime DASH (Dietary Approaches to Stop Hypertension).
Les auteurs mettent par ailleurs en lumière le fait que, si les résultats issus des essais contrôlés randomisés soutiennent l’hypothèse selon laquelle les interventions nutritionnelles pourraient avoir un effet bénéfique dans le cadre du traitement de la dépression, le niveau de preuve de cette relation est très bas : qualifié d’« anecdotique » à « modéré ». Les résultats de la méta-analyse montrent aussi que ces interventions nutritionnelles n’ont aucun effet sur la prévention de la dépression, même au sein des populations les plus à risque, et ce, avec un niveau de preuve élevé.
Les auteurs ont enfin examiné le cas spécifique des dépressions post-partum. Pour ces situations particulières, la méta-analyse d’études de cohorte montre que la consommation de poisson ou d’acides gras oméga-3/DHA/EPA alimentaires serait significativement associée à une diminution des symptômes dépressifs (relation dose-effet).
En conclusion, les auteurs insistent sur le fait que le niveau de preuve concernant l’hypothèse selon laquelle l’alimentation aurait un lien sur la prévention ou le traitement de la dépression est très faible, en particulier en raison de nombreux biais méthodologiques dans les études, comme le biais de causalité inverse[1]. Les auteurs soulignent aussi que la grande majorité des études incluses dans la méta-analyse n’ont pas été conçues pour examiner principalement les liens entre l’alimentation et la dépression, expliquant ainsi leur faible validité interne. Les symptômes dépressifs ont par exemple été le plus souvent déclarés par les participants plutôt que diagnostiqués par un professionnel de santé.
MOLERO, P. DE LORENZI, F. GEDEK, A. « et col. » Diet quality and depression risk: A systematic review and meta-analysis of prospective studies. Journal of Affective Disorders, 2025, 382, p. 154-166 (doi: 10.1016/j.jad.2025.03.162).
[1] Le biais de causalité inverse désigne une erreur d’interprétation dans laquelle on suppose qu’un facteur A (par exemple l’alimentation) induit un effet B (par exemple une pathologie), alors qu’en réalité, c’est B (la pathologie) qui influence A (l’alimentation).