La prévalence de la sélectivité alimentaire est particulièrement élevée parmi les enfants présentant des troubles du spectre autistique. Cette sélectivité, le plus souvent associée à une hypersensibilité sensorielle aux textures ou aux goûts de certains aliments, peut avoir des conséquences pour la santé, telles qu’une constipation chronique ou un surpoids.
Les personnes atteintes de troubles du spectre de l’autisme présentent des difficultés persistantes dans la communication et les interactions sociales, ainsi que des comportements et des centres d’intérêt restreints et répétitifs. Ces particularités se retrouvent en particulier dans le domaine de l’alimentation : en effet, les personnes autistes peuvent présenter des troubles dans la manière de se nourrir. Par exemple, chez les personnes avec des troubles du spectre de l’autisme et des capacités intellectuelles inférieures à la moyenne, la prévalence de la sélectivité alimentaire est particulièrement élevée. Pour rappel, la sélectivité alimentaire inclut des comportements de type : refus de s’alimenter, peur des nouveaux aliments (néophobie alimentaire), forte préférence pour certains types d’aliments et/ou répertoire alimentaire très restreint.
Une revue de littérature examine, chez les enfants, les liens entre les troubles du spectre autistique et la sélectivité alimentaire. Cette revue prend en compte 20 études considérant des enfants dont l’âge moyen est compris entre 6 et 18 ans et qui ont des capacités intellectuelles dans la norme.
Les résultats mettent tout d’abord en évidence des prévalences de la sélectivité plus élevées chez les enfants présentant des troubles du spectre autistique comparativement aux enfants des groupes contrôles, sans troubles autistiques. Selon les études, ces prévalences s’étendent de 21 à 76 % chez les enfants avec troubles autistiques. Ces écarts entre études peuvent s’expliquer par des différences méthodologiques : répartition garçons/filles ou distributions d’âges différentes, utilisation de critères différents pour mesurer la sélectivité alimentaire. En effet, si certaines études se basent sur les critères diagnostiques stricts du trouble ARFID (Avoidant/Restrictive Food Intake Disorder) du DSM-5 (le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux), d’autres appliquent une définition plus large de la sélectivité alimentaire ou se concentrent sur des problématiques spécifiques.
Les études qui tentent d’expliquer la sélectivité alimentaire chez les enfants présentant des troubles autistiques soulignent principalement deux caractéristiques de ces enfants : une hypersensibilité sensorielle à certaines textures alimentaires, ainsi qu’une hypersensibilité aux goûts de certains aliments. Ces particularités sont 2 à 10 fois plus présentes parmi les enfants autistes que dans les groupes contrôles. A un niveau moindre, l’évitement de certaines odeurs, couleurs ou formes d’aliments, ainsi que le rejet de mélanges d’aliments sont aussi cités par les auteurs.
Concernant les conséquences somatiques de la sélectivité alimentaire, les plus communes rapportées dans les études incluses sont la constipation chronique, ainsi que le surpoids ou l’obésité. Des situations de dénutrition sévères sont aussi rapportées dans certaines études de cas.
En conclusion, cette revue de littérature met en lumière l’importance de surveiller les comportements alimentaires des enfants présentant des troubles autistiques, quel que soit le niveau de leurs capacités intellectuelles. Les auteurs rappellent que la thérapie cognitivo-comportementale ainsi que des approches menées par les parents ou la famille peuvent aider à modifier la relation à l’alimentation des enfants concernés par la sélectivité alimentaire, à augmenter leur répertoire alimentaire et à adopter des habitudes alimentaires plus saines.
MØRDRE, M. Food selectivity in children and adolescents with autism spectrum disorders – a systematic literature review. Tidsskr Nor Laegeforen, 2024, 144, doi: 10.4045/tidsskr.24.019.