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BFDG 2023 – Comportements alimentaires : repas tardifs et pleine conscience

Brèves scientifiques
Publié le 08/05/2023
Modifié le 09/05/2023
Modifié le 09/05/2023
Temps de lecture : 7 minutes
BFDG 2023 - Comportements alimentaires : repas tardifs et pleine conscience
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Plusieurs conférences des 47es rencontres internationales du British Feeding and Drinking Group (BFDG) ont traité la thématique du contrôle du poids corporel et de la prise alimentaire. Coup de projecteur sur deux d’entre elles qui ont abordé la question des horaires de nos prises alimentaires et celle de l’alimentation en pleine conscience.

Repas tardifs et comportements alimentaires

Le fait de manger le soir à une heure tardive a été associé à un risque augmenté de développer une obésité. Manger tard aurait en effet des conséquences néfastes sur le métabolisme avec, en particulier, un dérèglement hormonal de la ghréline et de la leptine. Bixuan Yan (University of Sheffield), dans une étude pilote réalisée auprès de 30 personnes âgées de 18 à 65 ans et présentant une obésité, examine les liens entre le fait de manger tard le soir et les comportements alimentaires ainsi que l’activité physique. Les participants ont été suivis pendant une durée de 14 jours, avec port d’un accéléromètre et enregistrement des apports alimentaires sur 3 journées.

Les résultats montrent une corrélation significative entre l’horaire de la dernière ingestion dans la journée et le score d’alimentation incontrôlée (cf. figure 1). En d’autres termes, les participants qui mangent plus tard le soir présentent également plus d’épisodes pendant lesquels ils perdent le contrôle de leur alimentation. Cela correspond le plus souvent à des consommations d’aliments, en grandes quantités, pendant un intervalle de temps court et sans aucune inhibition.

La chercheuse a par ailleurs comparé, dans une autre analyse, les caractéristiques des participants qui mangent le plus tard (après 20h) à celles des participants qui mangent plus tôt (avant 20h). Il apparaît que les personnes qui mangent plus tard sont aussi celles :

  • qui ont le plus de difficultés à maîtriser leurs envies alimentaires compulsives ;
  • qui sont plus susceptibles d’avoir des pertes de contrôle sur leur alimentation ;
  • qui font le moins de pas dans la journée.

A noter également que la part protéique dans la ration est significativement inférieure chez les « mange-tard » comparativement aux personnes qui ingèrent leur dernière prise alimentaire avant 20h (13,8 % vs 19,6 % ; P = 0,03). Aucune différence n’a par contre été mise en évidence entre les deux groupes pour les autres variables : indice de masse corporelle, restriction cognitive ou encore temps passé à manger.

En conclusion, cette étude montre que le fait de manger tardivement le soir est associé à une tendance à perdre le contrôle de son alimentation, en particulier en cas d’envies alimentaires compulsives. Des études de plus grande envergure sont nécessaires pour mieux comprendre les liens entre l’heure des repas du soir et le risque d’obésité.

Pleine conscience et quantités consommées

La pleine conscience (mindfulness) consiste à diriger volontairement son attention à ce qui se passe dans son corps ainsi que dans son environnement. La pleine conscience appliquée à l’alimentation ou l’alimentation en pleine conscience (mindful Eating) consiste à mettre tous ses sens à contribution depuis la préparation jusqu’à la consommation des aliments, de façon à être attentif, tant à la texture, la couleur, la saveur des aliments qu’à ses propres signaux de faim et de satiété, en réponse aux stimuli alimentaires.

Khaleda Ahmadyar (City, University of London) a réalisé une revue systématique de littérature et une méta-analyse afin de déterminer si les interventions se basant sur des exercices non spécifiques de pleine conscience ou spécifiquement appliqués à l’alimentation sont efficaces pour diminuer la sensation de faim et pour mieux maîtriser ses apports alimentaires. Trente-six études incluant 1 404 participants adultes et 170 enfants ont été prises en compte dans cette méta-analyse.

Les résultats montrent que les personnes qui bénéficient d’une intervention de pleine conscience avant ou pendant une prise alimentaire comparativement à celles appartenant à un groupe contrôle, consomment une quantité significativement diminuée d’aliments (P < 0,001). L’intensité de cet effet ne semble pas différente entre les adultes et les enfants.

Aucune différence significative entre groupes n’a par contre été montrée concernant les sensations de faim ou de satiété mesurées autour de cette prise alimentaire.

En conclusion, cette méta-analyse confirme que les interventions se basant sur des exercices de pleine conscience peuvent être efficaces pour diminuer les quantités d’aliments ingérés. Si cet effet ne semble pas passer par une diminution de la sensation de faim, plusieurs hypothèses peuvent être proposées pour l’expliquer. La pleine conscience pourrait agir en incitant à manger plus lentement ou encore en permettant de ne pas être distrait pendant l’acte alimentaire, ce qui aurait pour effet d’atteindre le rassasiement avec une quantité moindre d’aliments.