Une étude qualitative met en lumière les nombreux obstacles et leviers associés au suivi d’une alimentation de qualité chez les séniors vivant à leur domicile. Les résultats soulignent en particulier le manque d’information des aidants et des personnes âgées sur l’alimentation équilibrée, sur les pathologies liées à l’âge qui impactent l’alimentation ou encore sur les stratégies favorisant les changements comportementaux.
Le suivi d’une alimentation de qualité joue un rôle majeur dans le maintien d’une bonne santé chez les personnes âgées. Une étude qualitative examine, chez des personnes âgées (vivant à leur domicile et ayant besoin de soins), ainsi que chez des aidants (vivant avec une personne âgée), les freins, les éléments facilitants, ainsi que les besoins associés au suivi d’une alimentation équilibrée. Au total, 24 participants ont été interviewés (entretiens semi-directifs) : 7 personnes âgées (âge médian : 82 ans, écart interquartile : 81 – 86 ans) et 17 aidants.
Les résultats mettent tout d’abord en lumière plusieurs freins au suivi d’une alimentation de qualité :
- le manque de connaissances sur ce que devrait être une alimentation de qualité pour les personnes âgées. Plusieurs participants ont par exemple la croyance qu’une alimentation de qualité doit forcément être pauvre en graisses ou en cholestérol ;
- le manque de communication entre les personnes âgées et les aidants ;
- les personnes âgées témoignent par ailleurs du fait que les aidants ne prennent pas forcément en compte leurs préférences alimentaires, ne proposent pas assez de variété dans les repas, leur servent des portions inappropriées ou encore suivent des heures de repas qui ne leur conviennent pas ;
- les pathologies ou problèmes de santé, tels que les troubles gastro-intestinaux, les intolérances alimentaires, les problèmes dentaires, les troubles cognitifs ou encore la perte d’appétit ;
- les attitudes qualifiées de « négatives », telles que la résistance aux changements alimentaires, ou encore la croyance que ce n’est plus utile d’améliorer son alimentation ;
- les ressources limitées : pas assez de temps pour bien cuisiner ou pas assez d’argent pour acheter des bons produits ;
- des facteurs environnementaux tels que l’offre alimentaire dans les supermarchés (beaucoup d’aliments non favorables à la santé qui favorisent les tentations), le manque de soutien familial ou encore des habitudes alimentaires différentes au sein de la famille.
Parmi les éléments facilitant le suivi d’une alimentation de qualité, les auteurs soulignent :
- le soutien social, de la part des membres de la famille ou des aidants ;
- l’accès à des produits alimentaires de qualité, par exemple grâce à la présence d’un potager, l’accès à un magasin de producteurs ou à un service de livraison ;
- la planification des repas, pour la semaine par exemple, ainsi que des horaires fixes des repas ;
- les attitudes « positives », telles que la disposition à goûter de nouveaux aliments et de nouvelles recettes ou encore l’envie d’améliorer ses habitudes alimentaires ;
- l’accès à des ressources aidantes : livres de recettes, temps disponible pour essayer de nouvelles recettes, etc.
- des facteurs environnementaux, tels que la possibilité de partager les repas.
Enfin, concernant les besoins des personnes âgées et/ou des aidants pour favoriser le suivi d’une alimentation de qualité, on peut citer en particulier :
- des informations générales sur ce qu’est une alimentation équilibrée, sur l’alimentation adaptée aux problèmes de déglutition, sur les besoins hydriques ou encore sur des diètes spécifiques à destination des personnes diabétiques par exemple ;
- des informations sur comment changer les comportements alimentaires ;
- des informations sur comment choisir les aliments au moment de l’achat ;
- des idées de recettes ;
- des informations sur la maladie d’Alzheimer ou maladies apparentées et les troubles cognitifs.
En conclusion, cette étude montre qu’en fonction des contextes individuels, les freins et barrières associés au suivi d’une alimentation équilibrée peuvent être différents. Elle met par ailleurs en évidence le besoin de formations ciblées à destination des personnes âgées et de leurs aidants, afin qu’ils améliorent leurs connaissances sur l’alimentation, les stratégies favorisant les changements comportementaux ou encore les pathologies et problèmes de santé spécifiques aux personnes âgées.
EGLSEER, D. BAUER, S. FARZER, E. « et col. » Barriers, facilitators, and needs for supporting healthy diets in community-dwelling older adults and their informal caregivers: A qualitative study. Appetite, 2025, 108184, doi: 10.1016/j.appet.2025.108184.