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Des profils différents de mangeurs chez les séniors

Brèves scientifiques
Publié le 07/06/2021
Modifié le 25/04/2022
Modifié le 25/04/2022
Temps de lecture : 5 minutes
Des profils différents de mangeurs chez les séniors
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Les séniors ne constituent pas une population homogène, en particulier vis-à-vis du statut nutritionnel et des comportements alimentaires. Cette hétérogénéité devrait être prise en compte pour développer des interventions nutritionnelles ciblées contre la dénutrition des personnes âgées.

Si le risque de dénutrition augmente globalement avec l’âge, il existe de nombreux autres facteurs physiologiques, psychologiques, sensoriels ou encore sociologiques qui influent sur le comportement alimentaire et le statut nutritionnel des séniors. Une étude multidisciplinaire tente d’identifier des « profils de mangeurs » parmi 559 personnes âgées de plus de 65 ans, recrutées dans plusieurs villes françaises. Les participants ont été sélectionnés de façon à ce que tous les niveaux de dépendance soient représentés dans l’échantillon. Chacun a répondu à une batterie de questionnaires et tests (habitudes et préférences alimentaires, statuts psychologique, social, fonctionnel, etc.) et a participé à deux entretiens individuels.

Les résultats ont permis d’identifier sept profils de mangeurs. Les trois premiers profils regroupent les séniors les plus jeunes (moins de 80 ans) présentant un bon statut nutritionnel :

  • Le profil 1 (16 % de l’échantillon) regroupe des hommes (59 %) et des femmes qui mangent avec un bon appétit et qui prennent plaisir à manger, notamment de la viande.
  • Le profil 2 (21 %) est composé de 86 % de femmes. Il regroupe des personnes présentant un moral fragile et faisant des choix alimentaires plutôt guidés par les émotions.
  • Le profil 3 (20 % de l’échantillon, 80 % de femmes) est constitué de personnes considérant l’alimentation comme étant un levier pour être en bonne santé.

Les profils 4 à 7 regroupent principalement des personnes âgées de plus de 80 ans. Ils se caractérisent par une augmentation du risque de dénutrition, allant de 16 % dans le profil 4 jusqu’à 80 % dans le profil 6 et même 86 % dans le profil 7, alors que ce risque n’excédait pas 8 % dans les trois premiers profils. Plus précisément :

  • Le profil 4 (17% de l’échantillon) présente des caractéristiques proches du profil 1 : personnes actives et en bonne santé, bonne estime de soi et goût pour les produits carnés.
  • Le profil 5 (14 %) conserve un bon appétit et est sensible à la dimension « santé » de l’alimentation.
  • Le profil 6 (6%) est constitué de personnes présentant des difficultés à manger (troubles bucco-dentaires) et un appétit diminué.
  • Enfin, le profil 7 (7%) regroupe les personnes souffrant de solitude et présentant le taux le plus élevé de dépressions. Ces personnes ont aussi un appétit et un plaisir à manger très diminués.

Les auteurs mettent en avant la grande hétérogénéité des déterminants du comportement alimentaire au sein de la population des séniors. Ces résultats mettent en évidence la nécessité de mettre en place des interventions ciblées avec des stratégies adaptées à chacun des profils, pour lutter contre la dénutrition chez les séniors.

MAÎTRE, I. SULMONT-ROSSÉ, C. VAN WYMELBEKE, V. « et col. » Food perception, lifestyle, nutritional and health status in the older people: Typologies and factors associated with aging well. Appetite, 2021, 164, 105223 (doi: 10.1016/j.appet.2021.105223).