Les outils de dépistage et critères de diagnostic utilisés actuellement pour identifier un état de dénutrition chez les adultes ne semblent pas adaptés aux personnes en situation d’obésité. Une étude met en lumière le besoin de mettre en place des outils et critères spécifiques aux caractéristiques physiologiques de cette population.
Pour diagnostiquer un état de dénutrition chez l’adulte, il existe de nombreux outils de dépistage validés, tels que le MUST (Malnutrition Universal Screening Tool) ou encore le MNA-SF (Malnutrition Universal Screening Tool-Short Form), ainsi que des critères qui font consensus au niveau international, en particulier ceux du GLIM (Global Leadership Initiative on Malnutrition). Une revue de littérature interroge la pertinence de ces outils et critères pour identifier un état de dénutrition chez les adultes en situation d’obésité.
Pour commencer, les auteurs soulignent le fait que la dénutrition en situation d’obésité est différente de l’obésité sarcopénique (cf. figure 1). En effet, malgré des points communs entre ces deux entités cliniques, tels que la masse grasse élevée, les masse et fonction musculaires réduites et l’inflammation systémique, la dénutrition en situation d’obésité se caractérise spécifiquement par une carence en énergie et/ou nutriments menant à une perte de poids. L’obésité sarcopénique se caractérise quant à elle par une faible masse musculaire et une fonction musculaire diminuée et elle est prévalente tout particulièrement chez les personnes de 65 ans ou plus. A noter que, jusque-là, aucun outil spécifique de dépistage et d’évaluation de la dénutrition n’a été proposé pour les personnes en situation d’obésité.
Cette étude met en évidence le fait que les critères GLIM phénotypiques et étiologiques (cf. tableau 1) pour réaliser le diagnostic de dénutrition chez les adultes ne semblent pas pleinement adaptés aux situations d’obésité. En effet, le faible indice de masse corporelle (IMC) ne s’applique pas aux situations d’obésité et les seuils suggérés concernant la perte de poids récente ou la masse musculaire réduite ont été établis dans des populations présentant un IMC normal. Par ailleurs, la réduction des apports alimentaires chez un patient en situation d’obésité peut être liée aux suites d’une chirurgie bariatrique. Enfin, l’obésité est souvent associée à une inflammation systémique de bas grade, ce qui peut résulter en la détection de faux positifs dans cette population.
Critères phénotypiques | Perte de poids non volontaire | > 5 % dans les 6 derniers mois ou > 10 % au-delà de 6 mois |
Faible Indice de Masse Corporelle1 | < 20 kg/m² si < 70 ans < 22 kg/m² si > 70 ans | |
Masse musculaire réduite2 | Déterminée par une technique validée de mesure de la composition corporelle | |
Critères étiologiques | Réduction des apports alimentaires ou de l’assimilation des nutriments | < 50 % des besoins énergétiques > 1 semaine ou toute diminution d’apport > 2 semaines ou toute affection chronique impactant l’assimilation ou l’absorption des nutriments |
Pathologie ou état inflammatoire | Maladie aigüe / blessure ou inflammation liée à une maladie chronique |
Tableau 1 : Critères du GLIM à utiliser pour réaliser le diagnostic de dénutrition chez l’adulte (issu de Cederholm et col. 2018)
Les auteurs mettent également en avant le fait que les outils actuellement utilisés pour détecter un état de dénutrition ne semblent pas calibrés pour les personnes en situation d’obésité. En particulier, ces outils reposent le plus souvent sur des mesures anthropométriques et ne prennent en compte l’apport en nutriments que dans une moindre mesure.
Pour conclure, cette étude met en évidence le besoin de déterminer des critères spécifiques de diagnostic de la dénutrition chez les personnes en situation d’obésité, avec des seuils propres à cette population, ainsi que de créer des outils de dépistage dédiés, qui prennent en compte les caractéristiques physiologiques de ces personnes.
MWALA,NN. BORKENT, JW. VAN DER MEIJ, BS. « et col. » Challenges in identifying malnutrition in obesity; an overview of the state of the art and directions for future research. Nutrition Research Reviews, 2025, 38, p. 219-228 (doi: 10.1017/S095442242400012X).