Au même titre que la période des « 1000 premiers jours », l’adolescence semble être une étape clé pouvant influencer durablement la santé à l’âge adulte.
Dans les années 1980, des épidémiologistes britanniques, dont David Barker, ont proposé l’hypothèse selon laquelle certaines maladies de l’adulte trouvent leur origine dès la vie fœtale ; c’est ce que l’on a appelé l’hypothèse de Barker. Ce concept a été élargi dans les années 2000, avec non seulement la période fœtale, mais aussi la petite enfance. Depuis, on parle du paradigme des origines développementales de la santé et des maladies (DOHad). Ce concept de DOHad met principalement l’accent sur la période des « 1000 premiers jours », c’est-à-dire la période allant de la conception jusqu’à l’âge de deux ans, considérée comme une fenêtre cruciale pour la prévention des maladies chroniques. Une revue de littérature met en lumière en quoi la période de l’adolescence est une autre période clé à considérer et à intégrer dans le concept de DOHaD.
Les auteurs insistent tout d’abord sur le fait que l’adolescence est une période caractérisée par une augmentation des besoins nutritionnels, par des fluctuations hormonales, ainsi que par des changements comportementaux, autant de facteurs pouvant influer sur le risque à long terme de maladies cardiométaboliques. Des apports nutritionnels adéquats pendant l’adolescence et notamment pendant la puberté sont essentiels pour assurer un bon développement corporel : augmentation de la masse musculaire, accumulation de tissu adipeux notamment chez les filles, croissance cérébrale ou encore maturation reproductive.
Plusieurs études longitudinales ont mis en évidence qu’une alimentation de qualité pendant l’adolescence pouvait être associée à une baisse de risque d’apparition des maladies chroniques à l’âge adulte, telles que l’obésité abdominale, la résistance à l’insuline, la dyslipidémie ou encore l’hypertension. D’autres études ont aussi montré qu’une alimentation pauvre en nutriments (faible consommation de fruits, de légumes ou encore consommation élevée de boissons sucrées) pouvait être associée à un indice de masse corporelle plus élevé, ainsi qu’à un risque accru de voir se développer des marqueurs du diabète de type 2 et de l’état inflammatoire à l’âge adulte.
Les différents mécanismes impliqués dans ce lien entre l’adolescence et la santé à l’âge adulte seraient :
- des mécanismes hormonaux, en particulier liés la puberté ;
- des mécanismes épigénétiques ;
- des mécanismes liés au microbiome intestinal ;
- ainsi que des mécanismes métabolomiques.
Les auteurs soulignent le fait que ces mécanismes sont interconnectés. En bref, la qualité de l’apport nutritionnel influence la production d’hormones qui agissent sur la puberté et la croissance et modulent le microbiome ainsi que les marques épigénétiques, lesquelles orientent durablement le métabolisme et le risque de maladies chroniques.
Pour conclure, les auteurs mettent en avant l’importance de considérer l’adolescence dans le concept de DOHaD, au même titre que la période des « 1000 premiers jours ». Ils insistent aussi sur le besoin de développer de nouvelles recherches pour mieux comprendre les mécanismes globaux ainsi que pour explorer des questions plus spécifiques portant par exemple sur les effets différenciés selon le sexe : est-ce que les expositions nutritionnelles pendant l’adolescence exercent des influences distinctes chez les garçons et les filles, notamment sur la susceptibilité aux maladies ?
CARDUCCI, B. CHEN, ZH. CAMPISI, SC. « et col. » Adolescence as a key developmental window for nutrition promotion and cardiometabolic disease prevention. npj Metabolic Health and Disease, 2025, 3, 40, doi: 10.1038/s44324-025-00082-1.