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L’allergie aux protéines de lait de vache

Brèves scientifiques
Publié le 11/02/2014
Modifié le 11/05/2021
Modifié le 11/05/2021
Temps de lecture : 6 minutes

L’allergie aux protéines contenues dans le lait de vache concernerait 1 à 3% des nourrissons. Dans la plupart des cas, après un régime d’éviction plus ou moins prolongé, la guérison survient spontanément et le lait de vache peut être réintroduit. La guérison est estimée à 75% à l’âge de trois ans et à 90% à l’âge de 6 ans.
Vidéo : Pensez à visionner l’interview du Dr Moneret-Vautrin ICI.

Mécanismes pathologiques

On entend par allergie au lait de vache une sensibilisation à une ou plusieurs des protéines qu’il contient (caséines, bêta-lactoglobuline, alpha-lactalbumine, sérum-albumine bovine ou lactoferrine). La réaction allergique peut suivre deux voies distinctes : une hypersensibilité de type I dite immédiate, liée à la production d’immunoglobulines E spécifiques d’un allergène, ou  une hypersensibilité de type IV dite retardée, médiée par des lymphocytes T.

Prévalence et âge d’apparition

Cette allergie apparaît très tôt chez l’enfant : dans 30% des cas avant l’âge de 1 mois, et 90% avant l’âge de 3 mois. Elle concernerait 1 à 3 % des nourrissons. Son taux de guérison est de 91% à l’âge de 8 ans.

Facteurs de risque (non spécifiques de l’APLV)

Le premier facteur de risque est la présence dans la famille d’un sujet atopique. Le recours à la césarienne ou encore le fait que la mère soit âgée de plus de 35 ans sont des facteurs de risque. A l’inverse, un niveau socio-économique bas, la présence de plusieurs enfants dans la famille constituent des facteurs de diminution du risque.

Manifestations cliniques

L’allergie se manifeste le plus souvent par une dermatite (ou eczéma) atopique, accompagnée de symptômes qui peuvent être digestifs : vomissements, diarrhée, reflux gastro-œsophagien. Des pleurs du nourrisson après le biberon, ainsi qu’un retard de croissance pondérale, peuvent constituer des signes d’alerte. D’autres manifestations moins typiques sont parfois observées, digestives (œsophagites, gastroentérites, etc) comme extradigestives (urticaire, asthme, etc). Les cas d’anaphylaxie sévère restent rares.

Diagnostic

Il peut être établi dès le premier mois de vie par des tests cutanés et/ou par la recherche d’IgE spécifiques. Il est confirmé par la disparition des symptômes après éviction du lait de vache de l’alimentation du jeune nourrisson.

Traitement

Il consiste en un régime d’éviction des protéines de lait de vache chez le nourrisson et chez la mère si elle allaite, supplémentée en calcium et vitamine D. Une supplémentation qui concerne également les jeunes enfants allergiques.
Les formules infantiles sont remplacées par des hydrolysats poussés de caséine, hydrolysats de riz complétés par 3 acides aminés essentiels, ou des formules à base d’acides aminés (pour les formes sévères ou en cas de réaction à l’hydrolisat de caséine). Les subsitutions à ne pas faire : laits d’autres animaux (risques d’allergie croisées) et boissons végétales (composition non adaptée et présence de phyto-oestrogènes dans le jus de soja).
La décision de maintenir le régime ou de reprendre progressivement les produits lactés peut être prise en fonction de la réaction allergique ou non à une ingestion fortuite. En son absence, un bilan annuel avec test de provocation orale permet généralement de trancher.
Sur une cohorte française, le taux de guérison naturelle est 75 % au bout de 3 ans et 91 % à l’âge de 8 ans. Ceci explique que l’allergie aux protéines de lait de vache soit très rare chez l’adulte.

Anne Moneret-Vautrin (2013) Allergie aux protéines de lait de vache, La revue du praticien médecine générale ; 27:654 Cercle d’Investigations Cliniques et Biologiques en Allergologie Alimentaire, cicbaa.com