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Mieux comprendre les motivations des choix alimentaires des familles en situation de précarité

Brèves scientifiques
Publié le 18/03/2024
Publié le 18/03/2024
Temps de lecture : 5 minutes
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Les principales barrières à des achats alimentaires sains, dans les familles socialement défavorisées, semblent liées à d’autres facteurs que le manque de connaissances nutritionnelles ou de compétences culinaires.   

Les choix parentaux en termes d’achats alimentaires ont un impact direct sur la qualité de l’alimentation des enfants. Une étude réalisée au Royaume-Uni examine, dans une population à risque, socialement très défavorisée, les déterminants de ces choix. Concrètement, seize parents (principalement des mères) d’enfants de moins de 11 ans ont été interviewés (entretiens semi-structurés) sur leurs achats alimentaires, autant pour les repas pris à domicile que pour ceux consommés en dehors du domicile familial. A noter que l’échantillon est constitué de familles d’origines ethniques variées, suivant, pour 69 % d’entre elles, une alimentation de type halal. 

Les résultats de cette étude qualitative montrent que ces parents présentent : 

  • une bonne connaissance des aliments à acheter pour suivre un régime alimentaire équilibré et bon pour la santé ; 
  • les compétences culinaires adéquates pour préparer des repas sains. Les auteurs insistent sur le fait que les participants ont bien conscience des impacts des différentes techniques culinaires sur la santé. 

Malgré ces éléments, ainsi que la motivation des parents à fournir une alimentation saine pour leur enfant, les participants mettent en avant la difficulté à faire des achats alimentaires qui prennent en compte le paramètre santé. En effet, plusieurs difficultés sont rapportées par les auteurs, parmi lesquelles : 

  • le coût des aliments les plus sains, qui sont souvent supérieurs aux alternatives nutritionnellement moins favorables ; 
  • le manque de temps pour cuisiner ces aliments ; 
  • le fait que leur enfant soit un « mangeur difficile» : les parents préfèrent acheter des aliments qui ne risquent pas d’être refusés par leur enfant, pour éviter le gaspillage ; 
  • l’accès difficile à des magasins proposant des aliments de qualité et/ou respectant leur diète spécifique (halal pour la plupart des participants). 

Concernant les consommations alimentaires en dehors du domicile, il apparaît que les parents les considèrent le plus souvent comme des récompenses, pour les enfants comme pour eux, ou simplement comme des moments uniquement dédiés au plaisir. Aussi, pour ces consommations hors domicile, les parents sont disposés à acheter ce que souhaite leur enfant, indépendamment de toute considération de santé. Les auteurs relèvent par ailleurs le rôle des différentes influences sociales en dehors du domicile, qui peuvent guider les achats alimentaires vers des choix de type fast-food ou snacks. 

Pour conclure, les auteurs insistent sur le fait qu’au vu de ces résultats, une stratégie basée sur l’éducation nutritionnelle auprès des familles socialement défavorisées ne semble pas être adaptée dans l’optique d’améliorer les achats et les choix alimentaires. Ces données suggèrent plutôt de focaliser sur d’autres aspects liés à la motivation des choix alimentaires : le plaisir de manger, le rapport qualité/prix ou encore l’influence sociale. 

SCRETI, C. EDWARDS, K. & BLISSETT, J. Understanding family food purchasing behaviour of low-income urban UK families: An analysis of parent capability, opportunity and motivation. Appetite, 2024, 195, 107183, doi: 10.1016/j.appet.2023.107183.