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Prématurité et diversification alimentaire

Brèves scientifiques
Publié le 10/08/2020
Modifié le 19/07/2022
Modifié le 19/07/2022
Temps de lecture : 5 minutes
Prématurité et diversification alimentaire
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Il n’existe pas de guide de bonnes pratiques concernant la mise en place de la diversification alimentaire chez les enfants prématurés. Si les aliments solides sont souvent introduits tôt chez ces enfants, les pratiques observées présentent une grande hétérogénéité.

L’alimentation durant les 1000 premiers jours de la vie d’un enfant (depuis la conception, jusqu’à l’âge de 2 ans) peut avoir un impact important sur sa santé future. Chez les bébés prématurés (nés avant 37 semaines d’aménorrhée), les nombreuses immaturités, en particulier du système digestif, rendent compliquée la gestion de l’alimentation au début de la vie. Une revue systématique de littérature examine l’état des connaissances scientifiques sur la gestion de l’étape de diversification alimentaire chez les enfants prématurés.

Trente-et-une études ont été sélectionnées dans cette revue. Les études d’observation mettent en évidence qu’il existe une grande variabilité concernant l’âge de mise en place de la diversification alimentaire, qui est fonction, en particulier, du degré de prématurité. Cependant, il apparaît que les enfants prématurés (lorsque l’âge corrigé est considéré) reçoivent fréquemment leurs premiers aliments solides plus tôt que les enfants nés à terme.

Les auteurs mettent en avant que le nombre trop faible d’études sur la question ne permet pas de conclure sur le possible lien entre l’âge de début de la diversification alimentaire chez l’enfant prématuré et le risque de présenter plus tard un surpoids ou de souffrir d’allergies.

La littérature ne fournit pas non plus de recommandations spécifiques concernant la gestion de la diversification alimentaire chez les enfants prématurés. Il a été proposé d’introduire les aliments solides entre les âges chronologiques de 5 et 8 mois, à condition que l’enfant ait atteint un âge corrigé de 3 mois. Cependant, compte tenu de la grande hétérogénéité de cette population, les auteurs suggèrent que le critère de mise en place de la diversification soit lié au degré de maturité de l’enfant et à ses compétences orales plutôt qu’à son âge chronologique ou corrigé.

Enfin, pour les enfants présentant une dysfonction orale consécutive à la prématurité, les auteurs recommandent qu’un suivi individualisé soit mis en place par une équipe pluridisciplinaire incluant en particulier un nutritionniste et un orthophoniste spécialisé.

Pour conclure, cette revue de littérature met en évidence le manque de données et de recommandations concernant la diversification alimentaire chez les enfants prématurés. Les auteurs appellent à la mise en place d’études d’intervention et en particulier d’essais contrôlés randomisés prenant en compte l’âge gestationnel à la naissance et les effets à court et long termes de différents modes de diversification.

LIOTTO, N. CRESI, F. BEGHETTI, I. « et col. » Complementary feeding in preterm infants: a systematic review. Nutrients, 2020, 12, 6, 1843 (doi: 10.3390/nu12061843).