Une biodiversité alimentaire plus élevée est associée à un risque diminué de mortalité toutes causes confondues, de mortalité par cancer ou encore par maladie cardiovasculaire.
La biodiversité alimentaire est un concept récent qui fait référence à la diversité d’espèces végétales et animales consommées par un individu ou une population. La richesse alimentaire en espèces (Dietary Species Richness ou DSR) est un marqueur clé de la biodiversité alimentaire : il correspond au nombre d’espèces différentes (plantes, animaux, champignons, etc.) consommées dans l’alimentation d’une personne.Par exemple, la consommation de lait de vache et de viande de bœuf compte pour une seule et même espèce : Bos taurus ou bovin domestique. Aussi, si une biodiversité alimentaire élevée implique une grande variété alimentaire, l’inverse n’est pas forcément systématique, car des aliments variés peuvent être issus d’une seule et même espèce (pain, pâtes, crêpes, biscuits, issus -en partie- du blé ou encore lait, beurre, fromage, steak issus de l’espèce bovine).
La biodiversité alimentaire pourrait s’avérer être un important déterminant de la qualité nutritionnelle des régimes alimentaires et de leur potentiel de prévention des maladies chroniques, tout en ayant un impact positif sur la résilience des systèmes de production. La DSR a par exemple été positivement associée à l’adéquation en micronutriments dans plusieurs pays.
Une étude examine les potentielles associations entre la biodiversité alimentaire et le risque de mortalité dans la cohorte espagnole PREDIMED (PREvention avec la DIète MEditerranéenne) de personnes âgées présentant des risques cardiovasculaires élevés. Les données de 7 210 personnes, d’âge médian 67 ans, ont été prises en compte pour cette analyse. Pendant le suivi médian de 6 ans, 425 décès ont été enregistrés : 103 suite à des pathologies cardiovasculaires, 169 suite à des cancers et 153 pour d’autres raisons.
Les résultats montrent une DSR médiane égale à 48 dans l’échantillon, avec un minimum de 17 espèces consommées et un maximum de 57[1]. Un nombre d’espèces consommées plus important (DSR plus élevée) est associé à une mortalité diminuée, que ce soit pour la mortalité toutes causes confondues ou pour la mortalité par cause spécifique (maladies cardiovasculaires, cancers, autres motifs). En moyenne, après ajustement sur les potentiels facteurs de confusion, la consommation d’une espèce supplémentaire est associée à une baisse de 9 % de la mortalité toutes causes confondues, de 7 % de la mortalité par maladie cardiovasculaire, à 8 % de la mortalité par cancer et à 9 % de la mortalité pour d’autres motifs.
Plusieurs mécanismes pourraient expliquer le caractère protecteur d’une biodiversité alimentaire élevée : une diète présentant une plus grande richesse alimentaire en espèces augmente la probabilité d’inclure une grande variété d’aliments / nutriments protecteurs pour la santé, tout en réduisant le risque d’exposition cumulative aux composés potentiellement toxiques d’une même espèce (surconsommation de certaines espèces de poisson par exemple). Par ailleurs, une DSR plus élevée pourrait contribuer à améliorer le profil du microbiote intestinal.
En conclusion, cette étude met en lumière l’intérêt de promouvoir l’augmentation de la biodiversité alimentaire pour favoriser une meilleure longévité.
SHYAM, S. BABIO, N. PAZ-GRANIEL, I. « et col. » Food biodiversity and mortality in older Mediterranean adults with high cardiovascular risk. Science of the Total Environment, 2025, 987, 179807, doi: 10.1016/j.scitotenv.2025.179807.
[1] A noter que les mesures de DSR peuvent être très variables d’une étude à l’autre, en fonction de la taille de l’échantillon, de sa variété notamment culturelle ou encore de la durée de l’enregistrement alimentaire.