L’usage problématique ou excessif des réseaux sociaux (RS) est associé à de mauvaises habitudes alimentaires chez les adolescents, selon une enquête menée dans 41 pays. L’utilisation dite « problématique » est associée à davantage de comportements alimentaires défavorables que l’utilisation dite « excessive ».
Des chercheurs ont analysé les données de l’étude 2017/2018 « Health Behaviour in School-aged Children » pour explorer les liens entre l’usage problématique ou excessif des réseaux sociaux et les comportements alimentaires des adolescents. L’étude incluait 222 865 adolescents nord-américains et européens (51,8 % de filles), âgés de 13,5 ans en moyenne. Un score prenant en compte la consommation de fruits, légumes, sucreries et boissons sucrées, permettait d’établir trois catégories de qualité de l’alimentation (faible, moyenne et bonne). La prise du petit-déjeuner était catégorisée comme quotidienne ou non quotidienne. Les usages des RS étaient caractérisés, comme suit :
- Usage excessif : contact en ligne avec d’autres personnes (amis, famille, etc.) s’étendant sur « presque toute la journée » (sur une échelle de 1 = « jamais », à 5 = « presque toute la journée »).
- Usage problématique : présence d’un comportement de dépendance, identifié à partir de 9 items (perte de contrôle, usage pour fuir les émotions, conflits avec l’entourage, etc.). Une réponse positive à au moins 6 items classait l’adolescent comme ayant une utilisation problématique.
Les auteurs soulignent que l’utilisation excessive et problématique des RS était plus répandue chez les filles (37,7 % et 8,0 %, respectivement) que chez les garçons (31,1 % et 6,7 %, respectivement).
Les analyses de sensibilité ont montré que plus le score d’utilisation problématique ou excessive augmentait, plus le score de qualité de l’alimentation tendait à diminuer. Plus en détails, les résultats révélaient que :
- Les adolescents présentant une utilisation problématique des RS étaient moins susceptibles d’avoir un bon score de qualité alimentaire et de consommer des légumes quotidiennement, en particulier chez les filles. Ils étaient en revanche nettement plus enclins à consommer des boissons sucrées chaque jour, et moins réguliers dans la prise quotidienne de petit-déjeuner quotidien, quel que soit le sexe.
- Quant à l’utilisation excessive des RS, elle était associée à des comportements alimentaires plus nuancés : une diminution du score de qualité alimentaire moins prononcée que celle de l’utilisation problématique, d’une part, et une augmentation de la consommation quotidienne de fruits, en particulier chez les garçons, d’autre part. Comme pour l’usage problématique, elle était liée à une consommation plus fréquente de boissons sucrées et à moins de régularité dans la prise du petit-déjeuner, pour les deux sexes.
En conclusion, les deux formes d’usage des réseaux sociaux, problématiques et excessifs, sont associés à des comportements alimentaires défavorables chez les adolescents et variables selon les sexes. Cependant, l’usage problématique semble être relié à des effets encore plus préjudiciables sur la qualité de l’alimentation, tandis que l’usage excessif présente des associations plus nuancées, incluant certains comportements positifs, comme une consommation accrue de fruits et légumes. L’hypothèse serait que l’utilisation des RS exposerait également à des contenus positifs sur la santé et l’alimentation.
Les auteurs recommandent donc de dépasser une vision simpliste du lien entre RS et alimentation, et d’inclure la prise en compte du contenu, du contexte, de la durée et des motivations d’usage dans les futures recherches sur la santé des jeunes.
KHAN, A. FENG, J. CHACHAY, V. TSANG, J. H. HUANG, W. Y. SIT, C. H. P. & MINICHIELLO, V. Bytes and bites: social media use and dietary behaviours among adolescents across 41 countries. Pediatric Research, 2025, doi.org/10.1038/s41390-025-04030-z.