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Restriction explicite ou dissimulée de la part des parents : des effets différents chez l’enfant

Brèves scientifiques
Publié le 12/12/2025
Publié le 12/12/2025
Temps de lecture : 3 minutes
CreditPhoto: PR Image Factory

Les pratiques alimentaires restrictives des parents à destination de leurs enfants seraient contre-productives uniquement en cas de restriction explicite. Les restrictions effectuées de façon dissimulée ou non explicite pourraient, au contraire, s’avérer efficaces pour limiter la consommation d’aliments défavorables à la santé par les enfants.

L’adoption de pratiques alimentaires restrictives par les parents, dans l’objectif de limiter la consommation de certains aliments par leurs enfants, est une stratégie éducative qui pourrait s’avérer contre-productive, en particulier en altérant la capacité des enfants à autoréguler leur apport énergétique et en augmentant leur envie de consommer ces aliments. Une étude examine les effets potentiels de ces pratiques alimentaires restrictives, mais en distinguant deux types de restriction :

  • la restriction explicite : l’enfant sait que l’accès à certains aliments lui est limité, par exemple : « Tu n’as pas le droit de manger de bonbons aujourd’hui » ;
  • la restriction non explicite ou dissimulée : dans ce cas, l’accès aux aliments considérés comme malsains est limité sans que l’enfant s’en aperçoive, par exemple en n’achetant tout simplement pas ces aliments ou en ne fréquentant pas les magasins qui les vendent ou les restaurants qui les servent.

Concrètement, les auteurs ont réalisé deux enquêtes transversales :

  1. Dans la première, 214 mères d’enfants âgés de 2 à 12 ans ont répondu à un questionnaire en ligne examinant les effets potentiels des restrictions explicites et dissimulées sur les comportements alimentaires des enfants (évalués par le CEBQ : Children’s Eating Behaviour Questionnaire). Les résultats montrent que la restriction explicite est significativement associée à deux types de comportements alimentaires défavorables à la santé : la réactivité aux aliments (prédisposition à la surconsommation d’aliments en réponse à des stimuli alimentaires) et l’intérêt pour les boissons, en particulier sucrées. A contrario, la restriction dissimulée n’est associée à aucun de ces comportements, ni à l’alimentation émotionnelle ou encore à l’alimentation sélective.
  • Dans la deuxième enquête en ligne examinant les liens entre les deux types de restriction et les consommations alimentaires, ce sont 1 299 mères d’enfants de la même tranche d’âges qui ont participé. Les résultats mettent en évidence des liens significatifs :
  • entre la restriction explicite et une consommation diminuée de fruits et de légumes, ainsi qu’une consommation augmentée d’aliments pauvres en nutriments et riches en graisse, sucre et sel ;
  • entre la restriction dissimulée et une consommation diminuée de ces mêmes aliments gras, sucrés et salés.

En conclusion, cette étude met en lumière le fait que l’adoption de pratiques alimentaires restrictives par les parents pour limiter la consommation d’aliments considérés comme malsains par leurs enfants serait contre-productive seulement si ces restrictions sont de type explicite. Au contraire, les restrictions non explicites ou dissimulées pourraient s’avérer plutôt bénéfiques en réduisant effectivement la consommation des aliments ciblés, et ce, sans générer de comportement alimentaire inadapté de type réactivité aux aliments, alimentation sélective ou alimentation émotionnelle.

SAY, AMD. WERNER, LM. DE LA PIEDAD GARCIA, X. « et col. » Differential associations between overt and covert restrictive feeding practices and children’s eating behaviours and dietary intake. Appetite, 2026, 217, 108330, doi: 10.1016/j.appet.2025.108330.