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Un apport insuffisant en iode des jeunes filles d’âge scolaire ?

Brèves scientifiques
Publié le 15/09/2025
Publié le 15/09/2025
Temps de lecture : 4 minutes
CreditPhoto: airborne77

Si les carences graves en iode sont particulièrement rares dans les pays à revenus élevés, les carences légères à moyennes (cf. tableau 1) peuvent survenir et leur prévalence est en augmentation dans de nombreux pays occidentaux. Les impacts de ces carences en iode sur la santé peuvent être importants ; elles augmentent en particulier le risque de troubles du fonctionnement thyroïdien. Une carence en iode chez la femme enceinte a par ailleurs été associée à des troubles dans le développement cognitif de l’enfant, en particulier des compétences diminuées en termes de mémoire, de langage, d’orthographe ou encore de vitesse de traitement auditif.

Tableau 1 : Critères épidémiologiques pour l’évaluation du bilan iodé sur la base de la concentration de l’iode urinaire, chez les enfants d’âge scolaire (source : OMS, 2014)

Une étude transversale examine les apports en iode, dans un échantillon représentatif de la population irlandaise des jeunes filles âgées de 5 à 18 ans. Concrètement, les apports en iode de 516 jeunes filles ont été calculés à partir d’un relevé de consommations alimentaires sur 4 jours consécutifs, avec pesée des aliments. La concentration de l’iode urinaire des participantes, un indicateur utilisé pour estimer le statut en iode d’une population, a également été mesurée.

Les résultats montrent un apport médian en iode égal à 94,8 µg/j (écart interquartile : 54,9 – 155,5 µg/j), avec 40 % des participantes situées en dessous du besoin moyen estimé, ce dernier étant situé entre 65 et 95 µg/j selon l’âge de l’enfant (références de l’US Institute of Medicine)[1]. Les apports constatés chez les jeunes filles de 5 à 10 ans sont significativement supérieurs à ceux des adolescentes âgées de 11 à 18 ans (108,4 vs 86,0 µg/j, P < 0,001).

La concentration urinaire médiane d’iode s’élève quant à elle à 87,8 µg/l ; elle est, elle aussi, significativement plus élevée chez les participantes plus jeunes, âgées de 5 à 10 ans (104,4 µg/l), comparativement à celles entre 11 et 18 ans (77 µg/l). A noter qu’une valeur comprise entre 100 et 199 µg/l correspond à un bilan iodé satisfaisant selon l’OMS et qu’une valeur comprise entre 50 et 99 à une carence légère (cf. tableau 1).

Les auteurs soulignent le fait que, dans cet échantillon, le lait est la principale source alimentaire d’iode : il représente en effet plus de 50 % de l’apport total. Les participantes ne consommant pas de lait (n = 97) présentent d’ailleurs un apport en iode et une concentration urinaire d’iode significativement inférieurs à celles appartenant au groupe le plus consommateur de lait (soit plus de 193 g/j, n = 138) (P < 0,001). Les autres catégories alimentaires contribuant le plus à l’apport en iode sont les suivantes : « céréales du petit déjeuner » (5 %), « crèmes, glaces et desserts » (4,3 %) ainsi que « céréales, riz, pâtes » (4,1 %).

Pour conclure, cette étude révèle que près de la moitié des jeunes filles d’âge scolaire d’un pays à revenus élevés comme l’Irlande présentent des apports en iode inférieurs aux besoins moyens estimés et que la concentration urinaire médiane d’iode pour cette population suggère une carence légère. Les adolescentes de 11 ans et plus semblent davantage concernées par ces carences, comparativement aux jeunes filles âgées de 5 à 10 ans. Les auteurs soulignent l’importance, dans cette population, de promouvoir des stratégies nutritionnelles favorisant un apport en iode adéquat, telles que la consommation de poisson et de lait. Un rapport récent de l’OMS souligne en particulier le risque de remplacer la consommation de lait de vache par celle de jus végétaux.

KANE, E. BUFFINI, M. HESLIN, AM. « et col. » Iodine intake and status of school-age girls in Ireland. European Journal of Nutrition, 2025, 64, 214, doi: 10.1007/s00394-025-03731-9.


[1] Pour information, les Apports Satisfaisants en France sont de 90 µg/j pour les enfants de 1 à 10 ans, de 120 µg/j pour les adolescents de 11 à 14 ans et de 130 µg/j pour les adolescents de 15 à 17 ans (source : ANSES).