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Manger du poisson réduirait le risque de pancréatite aiguë non biliaire

Brèves scientifiques
Publié le 12/01/2015
Modifié le 14/05/2021
Modifié le 14/05/2021
Temps de lecture : 5 minutes

D’après cette étude suédoise, manger du poisson deux à trois fois par semaine, comme le suggère la plupart des recommandations de santé publique, réduirait le risque de pancréatite aiguë non biliaire de près de 25%. La pancréatite aiguë est  une atteinte inflammatoire du pancréas susceptible d’entraîner de graves complications et associée à une forte mortalité. Elle est majoritairement causée par des calculs biliaires ou un abus d’alcool. Le régime alimentaire pourrait lui aussi avoir un effet sur le risque de pancréatite mais les données épidémiologiques à ce sujet sont rares.

Ici, les chercheurs ont étudié l’association entre la consommation de poisson (gras et maigre) et le risque de pancréatite aiguë non biliaire, en utilisant les données récoltées dans le cadre de deux cohortes suédoises qui ont suivi plusieurs milliers de sujets pendant 13 ans (de 1998 à 2010). 32 267 hommes et 32 191, âgés de 45 à 84 ans au début de la période de suivi, ont été inclus dans la présente étude. Leur consommation de poisson était estimée grâce à un questionnaire de fréquence alimentaire rempli au début du suivi. Les cas de pancréatites aigües non biliaires étaient identifiés via un registre national tout au long du suivi : 320 cas au total (209 chez les hommes et 111 chez les femmes).

Les résultats de l’étude montrent qu’une consommation de poisson comprise entre 2 et 3 portions par semaine est associée à un risque plus faible de pancréatite aiguë, avec un risque minimal calculé pour 2,4 portions (risque relatif de 0,77 par rapport à 0,9 portion/semaine). Le modèle était ajusté à de multiples facteurs (niveau d’éducation, tabagisme, niveau d’adiposité, prise d’alcool, consommation d’huiles de poisson, de légumes, historique de diabète et hyperlipidémie, apport en fibres alimentaires, etc). Manger plus de 3 portions/semaine n’avait pas d’effet bénéfique supplémentaire (risque relatif de 0,85 pour 3,5 portions). L’association s’est révélée identique chez les hommes et les femmes. Ces résultats confortent les recommandations de santé publique en vigueur dans de nombreux pays.

Les chercheurs n’ont pu mettre en évidence une différence d’impact entre poissons gras (saumon, omble, hareng, maquereau, etc…) et poissons maigres (cabillaud, lieu, etc), d’où l’impossibilité, dans le cadre de cette étude, d’expliquer l’association observée par les seuls acides gras polyinsaturés à chaîne longue n-3, dont les seuls poissons gras sont particulièrement riches et dont les propriétés anti-inflammatoires et anti-oxydantes sont reconnues. D’autres nutriments contenus dans les poissons, par exemple le sélénium, pourraient être impliqués.

La consommation d’alcool n’avait pas d’impact significatif sur l’association entre consommation de poisson et risque de pancréatite, bien que celle-ci tende à être plus prononcée chez les plus grands buveurs. Néanmoins, la consommation d’alcool étant globalement faible parmi les sujets, d’autres études devront à l’avenir permettre de généraliser ou non l’ensemble de ces résultats à d’autres populations.

V. Oskarsson, N. Orsini, O. Sadr-Azodi et col. (2014) Fish consumption and risk of non-gallstone-related acute pancreatitis : a prospective cohorte study. American Journal of Clinical Nutrition ; doi : 10.3945/ajcn.113.076174.