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Du BFDG 2019 : mieux comprendre l’insécurité alimentaire

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Publié le 17/06/2019
Modifié le 03/02/2022
Modifié le 03/02/2022
Temps de lecture : 7 minutes
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Parmi les problématiques abordées au cours des 43es rencontres internationales du BFDG (British Feeding and Drinking Group), l’insécurité alimentaire a tenu une place de choix. Coup de projecteur sur deux conférences présentant les derniers résultats de la recherche sur cette thématique.

Comment se font les choix alimentaires des personnes en état d’insécurité alimentaire ?

L’insécurité alimentaire est définie comme une disponibilité limitée ou incertaine d’aliments adéquats nutritionnellement et sûrs, ou une capacité limitée ou incertaine pour acquérir des aliments appropriés par des moyens socialement acceptables. L’équipe de Charlotte Hardman, de l’Université de Liverpool, a examiné les facteurs qui influencent les choix et les comportements alimentaires au sein d’une population en situation d’insécurité alimentaire. Vingt-quatre entretiens approfondis avec des usagers de banques alimentaires ont été menés pour atteindre cet objectif.

L’analyse de ces entretiens montre que le montant des revenus est le facteur principal influençant les choix alimentaires, en termes de qualité, de quantité et de lieu d’approvisionnement. Les participants déclarent être en stress permanent pour se fournir en nourriture et n’utiliser les banques alimentaires qu’en dernier recours. Le coût des aliments est le critère de choix numéro 1 en magasin. Par ailleurs, les participants déclarent choisir les aliments en fonction de leurs propriétés rassasiantes. Les préférences alimentaires des enfants constituent aussi un critère important pour éviter au maximum le gaspillage.

La majorité des personnes interviewées déclarent utiliser des stratégies de restriction alimentaire, telles que :

  • consommer des petites portions ;
  • sauter des repas ;
  • instaurer des jours sans manger ;
  • prioriser les besoins nutritionnels de leurs enfants.

Enfin, une grande proportion des participants rapporte des problèmes de santé qui peuvent être des barrières pour s’approvisionner en nourriture (les magasins de centre-ville étant le plus souvent évités au profit des supermarchés en périphérie, jugés plus économiques), mais aussi pour faire des choix éclairés ou encore pour préparer les repas. L’insécurité alimentaire est aussi considérée comme responsable de l’aggravation de ces problèmes de santé, en particulier des syndromes dépressifs.

En conclusion, cette étude met en avant le rôle primordial tenu par le coût des aliments, l’accessibilité aux magasins et l’état de santé, dans les choix alimentaires des personnes en insécurité alimentaire. Le stress permanent lié à cette insécurité et le besoin de rationner l’alimentation sont des facteurs aggravant l’état de santé physique et mentale de ces personnes.

Lien entre insécurité alimentaire et obésité : le rôle du stress

De nombreuses études ont mis en évidence une association entre l’insécurité alimentaire et l’obésité. En d’autres termes, plus une personne est en insécurité alimentaire, plus le risque qu’elle se trouve en situation d’obésité augmente. Une des explications de ce lien serait qu’il est plus rentable, économiquement parlant, de consommer des aliments de haute densité énergétique et de médiocre qualité nutritionnelle. Pour mieux comprendre ce mécanisme, le Dr Greg Keenan, de l’Université de Liverpool, a exploré le rôle joué par le stress dans cette relation entre insécurité alimentaire et obésité.

Plus de 600 adultes (dont certains recrutés par le biais de banques alimentaires) ont répondu à un questionnaire relatif à leur niveau d’insécurité alimentaire, leur degré de stress au quotidien, leurs comportements alimentaires et leurs caractéristiques anthropométriques.

Les résultats mettent en évidence plusieurs associations statistiquement significatives :

  • plus les personnes sont en situation d’insécurité alimentaire, plus elles déclarent vivre dans un état de stress élevé (P < 0,0001) ;
  • un haut niveau de stress est lui-même associé à une fréquence plus élevée d’épisodes alimentaires au cours desquels la nourriture est présentée comme un moyen de faire face à des émotions négatives (alimentation émotionnelle) (P < 0,0001) ;
  • enfin, plus le degré d’alimentation émotionnelle est élevé, plus la qualité de l’alimentation est basse (P < 0,05) et plus l’Indice de Masse Corporelle est élevé (P < 0,0001).

En conclusion, cette étude met en évidence que le stress lié à une situation d’insécurité alimentaire peut en partie expliquer, via des épisodes de type alimentation émotionnelle, l’association entre l’insécurité alimentaire et l’obésité.