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JFN 2020 : Nutrition et pathologies rétiniennes

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Publié le 11/01/2021
Modifié le 27/06/2022
Modifié le 27/06/2022
Temps de lecture : 8 minutes
JFN 2020 : Nutrition et pathologies rétiniennes
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Une session des Journées Francophones de Nutrition 2020 a été spécifiquement consacrée aux liens entre la santé rétinienne et l’alimentation. Retour sur deux conférences examinant cette association.

Quels liens entre DMLA et nutrition ?

La Dégénérescence Maculaire Liée à l’Age (DMLA) est la première cause de baisse de la vision dans les pays industrialisés. Il s’agit d’une atteinte de la zone centrale de la rétine (la macula) qui a pour conséquence, dans ses formes avancées, une perte de la vision centrale engendrant des difficultés dans la vie quotidienne et une baisse de l’autonomie. En Europe, on estime qu’environ 2,5 millions de personnes sont atteintes de DMLA. Bénédicte Merle (INSERM, Bordeaux) présente les données épidémiologiques associant DMLA et nutrition.

La chercheuse expose tout d’abord les facteurs de risque non modifiables de la DMLA, à savoir l’âge (10 % des personnes âgées de plus de 80 ans sont atteintes de DMLA) ainsi que des facteurs génétiques. Parmi les facteurs de risque modifiables, on trouve le tabagisme et potentiellement certains paramètres cardiovasculaires (obésité, hypertension artérielle, athérosclérose).

Parmi les facteurs alimentaires, trois familles de nutriments auraient un rôle protecteur vis-à-vis de la DMLA :

  1. Les vitamines et minéraux : plusieurs études ont mis en évidence des effets bénéfiques d’une consommation élevée de fruits et légumes, d’un apport important en vitamine B9 (acide folique) ou en vitamine D et de la supplémentation en antioxydants, zinc et cuivre.
  2. Les pigments maculaires (lutéine et zéaxanthine): ces caroténoïdes agissent comme un filtre qui protège la rétine (absorption de la lumière bleue). Ils ont aussi des rôles anti-inflammatoire et antioxydant. La chercheuse cite une méta-analyse qui indique que les forts consommateurs de pigments maculaires présentent une diminution de 26 % du risque de développer une DMLA avancée, comparativement aux faibles consommateurs.
  3. Les oméga-3: les études d’observation montrent que les personnes qui ont des apports élevés en poisson ou en acides gras oméga-3 à longues chaines sont moins souvent atteintes de DMLA. Les résultats des essais cliniques présentent par contre des résultats moins concluants. A noter qu’une allégation santé a été émise au niveau européen pour le DHA (acide docosahexaénoique) qui « contribue au maintien d’une vision normale ». Par ailleurs, les autorités sanitaires françaises recommandent, depuis 2010, une consommation de 250 mg/j de DHA et de 500 mg/j de DHA + EPA (acide eicosapentaénoique ).

Pour conclure, Bénédicte Merle met en avant l’intérêt de suivre une diète de type méditerranéenne dont les caractéristiques permettent des apports élevés en vitamines, minéraux, pigments maculaires et acides gras oméga-3, tous protecteurs vis-à-vis de l’apparition de la DML

Conseils alimentaires pour une bonne santé rétinienne

A la suite de cette approche épidémiologique, Michèle Cahuzac (diététicienne nutritionniste, Montpellier) propose un tour d’horizon des conseils alimentaires qui permettent d’optimiser les apports en nutriments protecteurs des pathologies rétiniennes.

  1. Concernant les vitamines et les minéraux, elle recommande de privilégier les aliments riches en :
    – Vitamine C (agrumes, kiwi, fraise, poivron, pomme de terre, chou)
    – Vitamine E (importance de varier les huiles et de consommer des graines),
    – Zinc (viande, poisson, foie, fruits de mer, œuf),
    – Sélénium (champignons, céréales complètes).
  2. Concernant la lutéine et la zéaxanthine, on trouve ces pigments dans les végétaux à feuilles vert foncé (épinard, chou kale, choux, blettes, persil) ainsi que dans les autres végétaux de couleur verte et ceux de couleur jaune orangée. A noter que l’œuf peut aussi être une source intéressante de pigments maculaires. Michèle Cahuzac précise que les teneurs en lutéine et zéaxanthine ne sont pas affectées par la mise en conserve des végétaux ou par leur surgélation et que l’ajout de matière grasse dans les repas (au moins 6 g) permet d’améliorer leur biodisponibilité.
  3. Enfin, il est conseillé de consommer quotidiennement une cuillère à soupe d’une huile riche en oméga-3. Une cuillère à soupe d’huile de noix apporte par exemple un tiers des recommandations en acide α-linolénique (ALA) et une demi-cuillère à soupe d’huile de lin en fournit plus que l’apport conseillé. Varier les huiles permet aussi de favoriser un bon équilibre oméga-6 / oméga-3. Pour optimiser les apports en DHA et en EPA, la consommation de poisson deux fois par semaine, dont une portion de poisson gras est recommandée. Michèle Cahuzac met en avant l’intérêt des poissons gras en conserve pour leur prix et leur praticité et celui du foie de morue pour ses apports exceptionnels en acides gras oméga-3.

En conclusion, si une alimentation équilibrée peut permettre de couvrir les besoins en ces nutriments protecteurs des pathologies rétiniennes, il est par ailleurs recommandé aux personnes suivant des régimes restrictifs de prendre des complémentations alimentaires.