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La consommation de lait infantile n’augmente pas le risque de diabète de type I

Brèves scientifiques
Publié le 15/09/2014
Modifié le 11/05/2021
Modifié le 11/05/2021
Temps de lecture : 6 minutes

L’étude TRIGR est une étude d’intervention randomisée d’envergure internationale. Elle réfute l’hypothèse selon laquelle la consommation de lait dans la petite enfance augmenterait l’incidence du diabète de type I. Certaines études transversales constataient une corrélation entre la consommation de lait ou de protéines laitières (caséines) et le risque d’apparition d’un diabète de type I. Il fallait une étude d’intervention pour investiguer plus avant cette possible relation. C’est ce que s’est proposé de réaliser l’étude TRIGR (Trial to Reduce IDDM in the Genetically at Risk).

L’essai clinique TRIGR comprend 2159 enfants recrutés entre mai 2002 et janvier 2007 dans 78 centres d’études de 15 pays. Les enfants avaient tous un parent proche diabétique et une prédisposition génétique au diabète de type I (génotypage HLA sur un échantillon de sang prélevé au niveau ombilical).
Les mères étaient encouragées à allaiter au sein et aucune différence n’est reportée entre les groupes concernant cette pratique.

L’intervention a duré entre 10 et 12 semaines. Elle commençait à l’arrêt de l’allaitement au sein exclusif, à l’âge de 2 mois en moyenne pour les deux groupes, et se terminait à 6 mois. Si à 6 mois l’enfant n’avait pas était nourri pendant au moins 60 jours au lait prescrit pour l’étude, la période d’intervention était alors prolongée jusqu’à ce que ce soit le cas, donc jusqu’aux 8 mois maximum de l’enfant. Durant cette période, aucun aliment contenant du lait, autre que la préparation fournie pour l’étude, ne devait être donné à l’enfant. Aucune intervention particulière n’a eu lieu au-delà de cette période.

Les enfants ont été répartis aléatoirement en deux groupes. Le groupe « intervention » a consommé une préparation lactée à base de caséine hydrolysée (l’hydrolysation retirant aux protéines toutes leurs propriétés liées à leur structure). Le groupe « contrôle » a consommé une préparation infantile conventionnelle contenant 80% de caséine et 20% d’hydrolysat de caséine.

Des anticorps auto-immuns marqueurs d’une auto-immunité anti-cellules ? étaient recherchés dans les échantillons de sang prélevés à 3, 6, 9, 12, 18 et 24 mois, puis tous les ans jusqu’à 10 ans. Les anticorps recherchés étaient des anticorps des cellules ßß, des auto-anticorps à l’insuline, des auto-anticorps à la glutamate décarboxylase et des anticorps anti-tyrosine phosphatase. La positivité à au moins 2 de ces anticorps est associée, d’après la littérature,  à un risque d’environ 60% de développer des signes cliniques du diabète sous 10 ans, ce risque étant de 15% quand un seul anticorps est détecté et de 1% quand aucun n’est détecté.
Donc si l’hypothèse « le lait augmente le risque de diabète de type I » est vraie, on s’attend à ce que dans le groupe « intervention » la proportion d’enfants testés positifs à des anticorps auto-immuns associés au diabète de type I soit plus faible que dans le groupe « contrôle ». Dans le cas contraire l’hypothèse serait réfutée.

Treize virgule quatre pourcent des enfants ayant consommé la préparation hydrolysée ont été testés positif à 2 anticorps ou plus, contre 11,4% parmi ceux ayant consommé la préparation conventionnelle. Il n’y avait pas de différences cliniques significatives entre les deux groupes sur toute la durée du suivi. Autrement dit, l’hypothèse de départ n’est pas vérifiée. Le lait infantile classique n’augmente pas le risque de diabète de type I comparé à l’hydrolysat.

Cette conclusion, issue des résultats biologiques, sera confirmée lorsque l’ensemble des enfants de TRIGR aura atteint l’âge de 10 ans et que la prévalence des diabètes cliniquement déclarés aura été estimée.

M. Knip, H.L. Akerblom, D. Becker et col. (2014) Hydrolyzed infant formula and early ß-cell autoimmunity : a randomized clinical trial. JAMA ; 311(22):2279-2287.