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Proposer des aliments riches en oméga-3 à des prix modérés : un défi à relever

Brèves scientifiques
Publié le 01/06/2015
Modifié le 14/05/2021
Modifié le 14/05/2021
Temps de lecture : 5 minutes

D’après cette étude menée dans 3 régions françaises, la fréquence de consommation de produits de la mer (poissons et fruits de mer), connus pour leur richesse en acides gras polyinsaturés oméga-3, expliquerait 40% de l’association positive entre statut socio-économique et index oméga-3, indicateur du risque coronarien. Proposer aux populations moins favorisées des aliments riches en oméga-3 à un coût approprié s’avère donc nécessaire. MONA LISA-NUT est une étude menée entre 2005 et 2007 dans les 3 régions françaises qui avaient participé à l’étude MONICA dans les années 80 et 90 : le Bas-Rhin, la Haute-Garonne et l’agglomération de Lille. Les deux études visaient à identifier les principaux facteurs de risque cardiovasculaire.


Au sein d’un sous-échantillon de 503 individus de l’étude MONA LISA-NUT, les chercheurs ont caractérisé la composition en acides gras des globules rouges, qui a permis de calculer un index oméga-3 : la somme des teneurs en EPA et DHA – acides gras polyinsaturés oméga-3 – par rapport aux acides gras totaux. L’index oméga-3 est associé à un risque réduit de maladie coronarienne et de mort cardiaque subite. L’objectif des chercheurs était de déterminer quels facteurs lui sont associés de manière indépendante, pour identifier les individus à haut risque cardiovasculaire.
L’index oméga-3 moyen des 503 Français âgés de 35 à 64 ans inclus dans ce sous-échantillon était de 6,02% (vs 4,3-5,5% aux Etats-Unis, 7,1% en Espagne et 8,5-9% au Japon).
Des disparités régionales ont été constatées, avec un index inférieur dans l’Est par rapport au Sud-Ouest et une valeur intermédiaire au Nord.
L’index oméga-3  s’est révélé supérieur chez les femmes : les chercheurs l’attribuent à une plus forte consommation de produits de la mer ou à une influence hormonale sur la synthèse enzymatique des acides gras polyinsaturés. Les variables positivement et significativement associées à l’index oméga-3 étaient l’âge, le niveau d’éducation et la fréquence de consommation de produits de la mer (modèle prédictif parcimonieux qui explique 32% de la variabilité de l’index oméga-3). En revanche, l’étude a mis en évidence que le tour de taille et le tabagisme étaient inversement associés à l’index oméga-3, peut-être en lien avec un niveau de stress oxydatif plus élevé. L’association inverse entre statut socio-économique et index oméga-3 est largement expliquée par un apport inférieur en produits de la mer, riches en oméga-3, dans les populations les moins favorisées (40% de l’association avec le niveau d’éducation, résultats similaires pour le niveau d’imposition).
Les sujets au niveau socio-économique faible consomment moins de produits de la mer parce qu’ils sont moins conscients de leurs bénéfices santé et parce que ce sont des produits relativement chers. Une constatation qui amène les chercheurs à souligner la nécessité de fournir à ces populations des aliments riches en oméga-3 à un coût approprié. Les recherches doivent se poursuivre en vue d’identifier les autres facteurs arbitrant l’association entre statut socio-économique et index oméga-3.

A. Wagner, C. Simon, B. Morio et col. (2015) Omega-3 index levels and associated factors in a middle-aged French population : the MONA LISA-NUT Study, European Journal of Clinical Nutrition ; 69(4):436-41.