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Supplémentation de vitamine D en France : étonnante hétérogénéité des prescriptions

Brèves scientifiques
Publié le 18/11/2013
Modifié le 28/10/2021
Modifié le 28/10/2021
Temps de lecture : 5 minutes

En France, la prescription du dosage de la vitamine D connait une véritable inflation mais il existe une grande disparité des pratiques de prescription de compléments. Une meilleure information des médecins est nécessaire, pour harmoniser les pratiques et les conformer aux recommandations. Actuellement, les recommandations en vitamine D font débat. En 2011, l’EFSA a réhaussé la limite d’apport maximal (actuellement 100?g/jour pour l’adulte) et, en 2012, la Société Française de Pédiatrie a proposé une révision des recommandations de supplémentation en vitamine D des enfants.
Cet article concerne les modalités de prescription de vitamine D à partir de la base de données ERASME gérée par l’Assurance maladie de la région Rhône Alpes.
Trois mille vingt-trois personnes ont eu un dosage de la vitamine D dans les deux mois qui précèdent l’hiver. Soixante pour cent d’entre elles ont été supplémentées en vitamine D. Malheureusement, les auteurs de l’étude ne disposent pas des résultats des tests et ne peuvent évaluer le statut des personnes suivies.
Parmi les personnes qui ont reçu un traitement de vitamine D, 1 311 ont été incluses dans l’étude. Les sujets avaient entre 20 et 60 ans (médiane 50,2 ans) et ne souffraient d’aucune maladie grave aigüe ou chronique. La période observée est de 7 mois.

  • Trois cent soixante-douze protocoles de supplémentation ont été répertoriés, d’où le constat d’hétérogénéité des pratiques.
  • La dose moyenne de vitamine D prescrite par jour allait de 140 à 10 600 UI (= 3,5 à 265 ?g), avec une médiane à 1 600 UI (=40 ?g). Aux extrêmes, certains patients se voient prescrire des doses insuffisantes ou au contraire excessives.
  • La vitamine D3 est prescrite dans 65% des cas.
  • La moitié des personnes supplémentées ont reçu une dose de charge unique, sans dose d’entretien pour éviter la récurrence de la déficience.

Ce travail montre qu’une meilleure information des médecins est nécessaire, ainsi qu’une homogénéisation des pratiques. Par ailleurs, en prévention, il pourrait être utile de rappeler aux patients l’intérêt de consommer des poissons gras ou des aliments enrichis en vitamine D.
Même s’il n’y a pas de consensus, nous pensons utile de reproduire les recommandations du GRIO en matière de supplémentation chez l’adulte, sous forme de tableau. Celles-ci sont disponibles ici : http://www.grio.org/documents/rcd-10-1361186132.pdf

Statut/ situation du patient

Recommandation (à titre indicative)

Insuffisance (25-(OH)-vitamine D entre 20 et 30ng/ml)

2 ampoules de 100 000 UI espacées de 15 jours

Insuffisance (25-(OH)-vitamine D entre 10 et 20ng/ml)

3 ampoules de 100 000 UI espacées de 15 jours

Carence (25-(OH)-vitamine D < 10ng/ml)

4 ampoules de 100 000 UI espacées de 15 jours

Traitement d’entretien ou traitement systématique chez les plus de 65 ans

800 à 1200 UI par jour, sous la forme d’une ampoule de 100 000 UI par trimestre

Voir notre article sur la supplémentation en vitamine D chez l’enfant.

Caillet P, Souberbielle JC, Jaglal SB et col (2013) Vitamin D supplementation in a healthy, middle-aged population :actual practices based on data from a French comprehensive regional health-care database, European Journal of Clinical Nutrition; doi:10.1038/ejcn.2013.182