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Quels sont les liens entre l’obésité et le goût du gras ?

Brèves scientifiques
Publié le 09/05/2022
Publié le 09/05/2022
Temps de lecture : 5 minutes
Quels sont les liens entre l’obésité et le goût du gras ?
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Les personnes en situation d’obésité présenteraient une baisse de la sensibilité au goût du gras. Plusieurs hypothèses existent pour expliquer cette association.

Plusieurs études scientifiques récentes ont mis en évidence un lien entre l’obésité et la baisse de la détection orosensorielle des lipides alimentaires. En d’autres termes, les personnes obèses auraient une sensibilité diminuée au goût du gras. Une revue de littérature présente les différentes hypothèses expliquant ce lien entre l’obésité et la perception gustative des lipides.

Trois hypothèses permettraient d’expliquer les liens entre la baisse de la sensibilité au goût du gras et l’obésité :

1. Selon l’hypothèse 1 (cf. figure 1), la consommation importante d’aliments riches en gras chez les personnes obèses serait à l’origine d’une baisse de la sensibilité au goût du gras par le biais d’un mécanisme de régulation négative des récepteurs gustatifs (CD 36 et GPR 120) situés sur la langue.

Figure 1  : Hypothèse 1 reliant obésité et sensibilité au goût du gras.

2. Selon l’hypothèse 2 (cf. figure 2), c’est plutôt une diminution de la perception du goût du gras qui provoquerait la hausse de l’attractivité pour les aliments riches en gras et donc l’augmentation de leur consommation, afin de produire une réponse hédonique optimale. L’augmentation de la consommation de ces aliments promouvrait, quant à elle, le développement de l’obésité.

Figure 2  : Hypothèse 2 reliant obésité et sensibilité au goût du gras.

3. Enfin, les auteurs proposent une 3e hypothèse (cf. figure 3) selon laquelle la suractivation du système de la récompense serait l’élément causal. Elle induirait une hausse de la consommation d’aliments denses en énergie et riches en gras, ce qui conduirait (1) au développement de l’obésité et (2) à une baisse de la sensibilité au goût du gras via une régulation négative des récepteurs gustatifs.

Figure 3  : Hypothèse 3 reliant obésité et sensibilité au goût du gras.

Par ailleurs, les auteurs mettent en lumière le fait que l’altération du système de la récompense chez les personnes obèses serait, au moins partiellement, réversible. En effet, une perte de poids induite par une chirurgie bariatrique ou un régime hypocalorique entraînerait une diminution de la préférence pour les aliments gras et ainsi une baisse de leur consommation.

Pour conclure, les auteurs de cette revue de littérature mettent en avant l’importance de mieux comprendre l’association entre l’obésité et l’altération du système de la récompense afin que soient développés de nouveaux axes de gestion et de traitement de l’obésité.

BRONDEL, L. QUILLIOT, D. MOUILLOT, T. « et col. » Taste of fat and obesity: different hypotheses and our point of view. Nutrients, 2022, 14, 555, doi: 10.3390/nu14030555.